Il y a une obsession française de la stabilité », remarquait récemment l'un des grands responsables monétaires de la planète, « alors que les anglo-Saxons ne s'inquiètent jamais du mouvement et de la variation ». Culte national de la stabilité qui s'exprime avec une perpétuelle vindicte contre les marchés - marchés financiers bien sûr, mais aussi concurrence - émanant tant de la gauche que de la droite. Nicolas Sarkozy est l'héritier de cette tradition bien française, associant tous les présidents de la Ve République qui se sont succédé. Après une embardée dans l'univers idéologique du libéralisme, en 2006-2007, il est rapidement revenu au fondamentaux nationaux. discours clairvoyantDès le discours de Toulon, le 25 septembre 2008, le chef de l'État déclarait : « la monnaie est au coeur de la crise financière comme elle est au coeur des distorsions qui affectent les échanges mondiaux. Et si l'on n'y prend pas garde, le dumping monétaire finira par engendrer des guerres commerciales extrêmement violentes et ouvrira ainsi la voie au pire des protectionnismes ». Ce discours prononcé quelques jours seulement après la faillite de Lehman Brothers, était singulièrement clairvoyant sur la gravité de la crise, et sur les remèdes à y apporter. C'est bien sûr le conseiller spécial de l'Élysée, Henri Guaino, qui est l'inspirateur du chef de l'État sur ces sujets. Depuis toujours, Guaino est un avocat de la régulation des marchés. Il est l'un des rares à avoir affiché une constance remarquable sur ce thème, y compris au milieu des années 2000, alors que l'humeur collective était davantage portée au libéralisme, jusqu'à la caricature. La précédente tentative de Sarkozy pour faire monter le sujet dans l'agenda mondial était son discours de Davos, en janvier dernier. Il avait alors fait la promotion d'un « nouveau Bretton Woods », dans l'indifférence générale d'une assistance qui ne comprenait pas pourquoi le Président français tenait tant à la question monétaire. L'actualité récente donne dans une atmosphère de tensions monétaires entre la Chine et ses partenaires du G20 un relief bien différent au sujet aujourd'hui. F. L.

latribune.fr

04 Oct 2010, 18:13

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