Deux départs symboliques à la direction

L'une joue volontiers de son accent du Sud-Ouest pour en appeler à la « construction d'un rapport de force » avec le patronat. Le second préfère endosser ses habits de fonctionnaire des finances pour disserter sur les questions économiques et la politique industrielle. Pendant plus de dix ans, Maryse Dumas et Jean-Christophe Le Duigou, les « deux numéros deux » de Bernard Thibault, ont incarné respectivement les « durs » et les « réformistes » au sein du bureau confédéral de la CGT. Sauf surprise, ils tireront tous deux leur révérence des instances dirigeantes de la centrale de Montreuil en décembre, lors du congrès de Nantes. Selon nos informations, ni l'un ni l'autre ne figurent sur la liste des candidats à la prochaine direction confédérale qui a été présentée, hier, au comité confédéral national.Le départ de Jean-Christophe Le Duigou n'est pas vraiment une surprise. Déjà lors du précédent congrès en 2006, « l'économiste de la CGT » avait souhaité prendre du champ. Bernard Thibault, qui s'appuie sur lui dans le dossier des retraites, le retient. Mais Jean-Christophe Le Duigou, très critiqué par les orthodoxes de la CGT, sera, avec 83,7 % des voix, le dirigeant le plus mal élu. Depuis, il a contribué à la réforme des régimes spéciaux de retraite et travaillé à un document sur la politique industrielle avec les autres syndicats et le Medef. Mais en réintégrant son administration d'origine en 2009, Jean-Christophe Le Duigou n'avait pas caché qu'il souhaitait, fort de ses 61 ans et de ses 40 annuités, faire valoir ses droits à la retraite.Rien de tel chez Maryse Dumas. En charge de l'action revendicative, elle a joué un rôle pivot dans l'intersyndicale qui s'est constituée en fin d'année 2008 et qui a lancé les grandes manifestations de janvier, mars et mai derniers. En février, elle accompagne Bernard Thibault à l'Élysée lors du sommet social. le reflet d'une faiblesseMais à trop occuper le terrain, Maryse Dumas agace à l'intérieur de la CGT. Nombreux parmi les réformistes ne regretteront pas son départ. Même si celui-ci est aussi le reflet d'une faiblesse de la CGT. « Sans doute se demande-t-elle, compte tenu de la situation interne, ce qu'elle peut obtenir dans les trois ans à venir », note un expert. Pas sûr que, dans ces conditions, le départ des deux dirigeants soit une bonne nouvelle. A. L.
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