Le monde s' inquiète autant du réchauffement que de la crise

À quelques semaines de la conférence de Copenhague sur le climat, « l'attente est forte parmi les populations dans les pays développés comme dans ceux en développement, et les dirigeants politiques risquent d'être pris en porte-à-faux si le rendez-vous se solde par un échec ». L'avertissement de Jacques Brégeon, directeur du Collège des hautes études de l'environnement et du développement durable, était sans ambiguïté hier, lors de la présentation des résultats d'une vaste enquête réalisée par la banque HSBC sur le niveau de préoccupation climatique dans le monde. Pour lui, il y a un risque de voir les responsables politiques baisser les bras devant la complexité des négociations onusiennes, comme cela a pu être le cas, dans un tout autre domaine et à une autre époque, « avec les accords de Munich ». Et l'étude de HSBC, menée en ligne dans 12 pays (1.000 sondés par pays), « est un appel clair de la population mondiale pour un accord fort et efficace », a plaidé pour sa part l'économiste Nicholas Stern, conseiller de la banque, dans un commentaire écrit.Selon l'Observatoire annuel HSBC de la confiance climatique, « près des deux tiers (65 %) des personnes interrogées dans le monde jugent qu'un nouvel accord international de réduction des émissions polluantes est très important ». Le pourcentage atteint même 86 % des Brésiliens et 73 % des Français, contre seulement 45 % des Américains. Un résultat explicable dans la mesure où « les pays du Sud seront les plus affectés par les changements climatiques et les populations s'y sentent très concernées », commente Marine de Bazelaire, coordinatrice responsabilité d'entreprise chez HSBC.un bémolPlus édifiant, « malgré l'aggravation de la récession mondiale depuis l'enquête de l'année dernière, 7 personnes sur 10 (69 %) au niveau mondial estiment qu'il est au moins aussi important de lutter contre le changement climatique que de soutenir leur économie nationale pendant la crise ». En France, ils sont même 74 % à le penser. Un bémol toutefois, la crise a pesé sur la part des sondés qui font des changements climatiques un problème majeur. À l'échelle mondiale, ils étaient 83 % en 2007 (dont 29 % dans les marchés développés), 84 % en 2008 (dont 32 % dans les marchés développés) et seulement 68 % cette année (dont 25 % dans les marchés développés). Autre résultat, « 79 % des personnes interrogées veulent que les États s'engagent à atteindre ou dépasser largement un pourcentage de réduction de l'ordre de 50 % à 80 % des émissions d'ici à 2050 ». Ces objectifs sont pourtant ceux retenus par les dirigeants des plus grandes puissances lors du sommet du G8 l'été dernier. Si de plus en plus de sondés se déclarent prêts à contribuer à la réalisation de ces objectifs par de petits gestes, nul ne sait encore si tous les pays feront ce qu'il faut pour les respecter. Laurent Chemineau
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.