Pourquoi Renault n'arrive-t-il pas à enrayer la chute des ventes en Europe ?

Ce lundi, la publication officielle des immatriculations de voitures neuves en France pour le mois de novembre souligne une fois de plus la très inquiétante chute de... Renault. Le mois dernier, si les immatriculations de voitures neuves dans l\'Hexagone fléchissaient au total de 19,2%, selon le CCFA (Comité des constructeurs français d\'automobiles), le groupe Renault (avec Dacia) dégringolait, lui, carrément de 33,5%. Et ce, malgré la nouvelle Clio IV, perturbée notamment par des délais de livraison importants. PSA chute plus modérément (-22,9%, dont -26,1% pour Citroën, -19,9% pour Peugeot). Au cumul sur onze mois, si le marché français recule dans son ensemble de 13,8%, Renault plonge de 21,7% ! Pire que PSA (-17,7%).Chute en  EuropeSur l\'ensemble de l\'Europe, c\'est aussi mauvais. Certes, Renault subit la crise frappant les marchés des pays du Sud où il est traditionnellement plus fort. Mais cela n\'explique pas tout, loin de là. Les immatriculations de voitures particulières du groupe au losange avaient chuté en octobre de plus de 21%  sur le Vieux continent, la plus forte dégringolade de tous les constructeurs présents sur le marché - hormis le spécialiste du 4x4 Mitsubishi ! Si la filiale roumaine Dacia à bas coûts s\'en sortait honorablement (-7,1%), la marque au losange elle-même plongeait (-25%). Sur les dix premiers mois de 2012, au cumul, le groupe Renault est aussi celui qui recule le plus en Europe (-18%). Avec une part du marché européen très faible (à peine 8,3%, voire 6,5% pour Renault seul). Et ce, alors qu\'il y a dix ans, la marque Renault seule s\'octroyait 10,7% du gâteau européen. Aïe.Image médiocreRenault pâtit tout d\'abord d\'une image médiocre, d\'après les différentes études, à cause d\'une finition de ses véhicules très longtemps mauvaise et d\'une fiabilité parfois catastrophique (Scénic I et II, Laguna II et Espace IV à leurs débuts, Vel Satis...). Mais, jusqu\'au milieu des années 2000, Renault contrebalançait en partie ses points faibles par un design avant-gardiste - parfois complètement loufoque ! -, des aménagements intérieurs originaux et conviviaux, des innovations techniques (accès et démarrage mains libres par exemple) ou des concepts de carrosseries inédits (monospaces, ludospaces...). Seulement voilà, afin de ne déplaire à personne dans le monde, les Renault, sous la présidence de Carlos Ghosn, sont souvent devenues banales et sans saveur, ne se distinguant guère de la masse des voitures en circulation. Du coup, Renault a perdu ses points forts sans pour autant regagner la confiance des consommateurs en matière de qualité... C\'est certes totalement injuste, car les dernières Renault font preuve d\'une fiabilité de bon aloi, que jamais les voitures de la marque n\'avaient atteinte auparavant ! Mais, malheureusement, une réputation de qualité est extrêmement lente à s\'installer. Et, visiblement, le grand public n\'est pas encore persuadé de la fiabilité des voitures du constructeur... sauf paradoxalement les acheteurs de Dacia roumaines à bas coût.Les Dacia empêchent la montée en gammeQuoi qu\'en dise le constructeur, la spécialisation croissante de Renault dans les modèles à bas prix d\'entrée de gamme, si elle est a priori excellente pour ses marges et son internationalisation, est aussi  largement contreproductive pour son image. Difficile de monter en gamme, quand, dans les mêmes halls d\'exposition, sont montrées des Sandero, des Logan, des Lodgy. En outre, surtout depuis qu\'elle a été redessinée et reçu les toutes dernières générations de moteurs, une Dacia Sandero devient trop proche d\'une Clio. A 5.000 euros de moins, nombre d\'acheteurs ne peuvent qu\'hésiter. Aujourd\'hui, si l\'on veut être méchant, on peut dire que le monospace compact Scénic représente le vrai « haut de gamme » de Renault, vu les ventes réduites de la Laguna, sans parler de la Latitude ou de l\'Espace... vieillissant.Gamme vieillissanteSi Renault multiplie les nouveautés chez Dacia (quatre vrais nouveaux modèles en moins d\'un an), il est beaucoup moins prolixe dans sa propre marque. Etrange. La Clio IV, lancée en octobre dernier, est la première nouveauté de la marque depuis...2009 (Scénic III) si l\'on excepte la confidentielle Latitude destinée essentiellement à l\'Asie. Pour la marque Renault, le groupe a sans doute trop investi dans les véhicules électriques - des modèles qui resteront archi-marginaux pendant longtemps - au détriment des voitures classiques de cœur de gamme. Pensez que, justement, l\'Espace, fleuron de Renault, ne sera pas renouvelé avant 2014, alors que le modèle actuel a quasiment perdu tous ses clients vu son âge (plus de dix ans à ce jour) !Twingo et Laguna en fort recul Rien d\'étonnant donc si sa gamme vieillie et sans beaucoup de séduction - malgré un comportement routier des modèles excellent et des moteurs sobres à défaut d\'être performants - s\'essouffle complètement en Europe. En France, la petite Twingo comme la berline familiale Laguna voient leurs immatriculations chuter de 40% sur onze mois, le minispace Modus de 35%, la compacte Mégane de 17%. Seul le monospace compact Scénic recule à peu près comme le marché total (-15%). Quant au pseudo-haut de gamme Latitude, il s\'effondre de 75% !Investissements hors d\'EuropeRenault a beaucoup investi hors d\'Europe, et c\'est ce qui le sauve. Renault est la deuxième marque étrangère en Russie avec des ventes sur dix mois en progression de 24%, grâce à ses Logan (vendues ici sous la marque Renault). Et ce, sans compter le premier groupe auto russe Avtovaz (Lada) qu\'il contrôle. Au Brésil, ses volumes sont en hausse de 25%, grâce également à la Logan et surtout la Sandero. Renault est aussi à l\'offensive en Inde. Mais, à trop négliger son marché intérieur du Vieux continent, le constructeur se retrouve tout même à affronter la crise avec moins d\'atouts que les marques allemandes. Dans ce contexte, le chiffre d\'affaires du consortium a chuté de 13,3% sur le troisième trimestre à 8,45 milliards d\'euros. Sur neuf mois, le recul atteint 4,7% à 29,4 milliards. Du coup, malgré une croissance prévue hors d\'Europe, les ventes du groupe ne devraient pas atteindre en 2012 le niveau de l\'an dernier, contrairement à ce que le constructeur avait anticipé en février dernier. 
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