10 questions sur la taxe carboneFrançois Salanié est direct...

10 questions sur la taxe carboneFrançois Salanié est directeur du Laboratoire d'économie des ressources naturelles (Lerna) et chercheur à TSE.La taxe carbone est-elle injuste socialement ?C'est la grande question dans le débat. Les économistes insistent énormément sur l'efficacité de la taxe : ça va nous faire faire des efforts, ça donne un prix à quelque chose qu'on voudrait économiser. Mais tout le débat politique porte sur les aspects redistributifs. Ils sont importants, je ne le nie pas. Quelles seront les conséquences d'une taxe carbone ? Les entreprises les plus polluantes paieront plus, les ménages qui consomment des transports et du chauffage paieront des taxes. Tous les ménages font ça. Il se trouve que les ménages les plus pauvres consomment proportionnellement plus de chauffage et de transport. Donc on s'attend à un effet régressif, comme on dit en économie, c'est-à-dire qui transfère un peu de richesse des plus pauvres vers les plus riches. Ce n'est pas forcément un effet qu'on vise, c'est une conséquence de l'efficacité d'une taxe carbone.Que faudrait-il faire pour éviter cet effet antisocial peu souhaitable ?Est-ce qu'on doit renoncer à l'efficacité pour compenser ces aspects redistributifs ? Les économistes ont une réponse assez claire. On ne doit pas modifier le niveau de la taxe en fonction du revenu des ménages. En revanche, dans le niveau global de la taxe qui sera appliqué à l'ensemble des ménages, on doit tenir compte de ça. Il est normal, il est même acquis, que le pain, comme d'autres biens de consommation courante, soient moins taxés que les autres. On peut dire la même chose pour la taxe carbone. Si vous demandez aux économistes si la taxe carbone est antisociale, ils vous répondront qu'elle a des effets redistributifs et que si vous voulez lutter contre ces effets, la bonne façon de procéder est d'en diminuer le taux pour les ménages, pour l'ensemble des ménages.En ce qui concerne les entreprises, il n'y a aucune raison d'appliquer un argument similaire. Les biens que produisent les entreprises comprennent plus ou moins d'énergie, causent plus ou moins d'émissions, mais il n'y a pas de lien systématique entre le revenu des consommateurs de ces biens et leur contenu en énergie. Donc, pour les entreprises, on militera pour une taxe unique à un niveau qui peut être celui choisi par le gouvernement dont l'ordre de grandeur est le bon (17 euros la tonne de CO2). Mais pour les ménages, on a des arguments pour dire qu'ils pourraient payer une taxe d'un niveau inférieur. Inférieur de combien ? Beaucoup de travaux empiriques sont en cours pour le déterminer. Propos recueillis par Sophie GherardiAujourd'hui : François SalaniéLaTribune.fr Retrouvez chaque jour, jusqu'au lundi 15 mars, les experts de Toulouse School of Economics (TSE) et toutes les vidéos de la série.Mardi 9 mars,question à Hippolyte d'Albis
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