Vinci a appris à faire

Les majors du BTP ont traversé la crise de 2009 bien plus aisément que les sociétés dont elles sont originaires n'avaient vécu celle qu'avait connu le secteur en 1995-1996. Vinci a su contenir la baisse de son chiffre d'affaires (- 4,6 %, à 31,9 milliards d'euros), améliorer sa marge opérationnelle (passée de 9,8 % à 10 %), maintenir son bénéfice net part du groupe (+ 0,3% à 1,6 milliard) et réduire de 11 % son endettement net, à 13,7 milliards, ce que la Bourse a salué jeudi par une hausse du titre de 2,63 % à 41,22 euros.Yves-Thibault de Silguy, président du conseil d'administration, loue la « robustesse » de Vinci, qui conjugue les activités de travaux de court-moyen terme et la récurrence offerte par les autoroutes et les parkings. « Les travaux captifs provenant des sociétés de concession ont en partie compensé la contraction des commandes issues du secteur priv頻, relève Jean-Christophe Lefèvre-Moulenq, analyste chez CMC-CIC. Plus fondamentalement, Vinci a appris à « faire du BTP autrement », fait valoir le directeur général Xavier Huillard, en se concentrant sur la marge d'exploitation plutôt que sur les volumes, pour ne pas subir à la fois un repli du chiffre d'affaires et des marges, comme lors de la crise précédente. La marge opérationnelle de Vinci Construction a résisté (4,6 %, contre 4,9 % en 2008). « La fusion de la SGE avec GTM a favorisé cette rationalisation », note Charles-Edouard Boissy, analyste chez Oddo. La concurrence est aussi moins aiguë, les majors n'étant que trois contre sept dans les années 1990. Vinci, qui réalise plus de 38 % de son activité hors de France, applique cette discipline à l'export. « En 1992, on allait à l'international sans connaître les pays, les sous-traitants, les habitudes politiques. Nous avons compris que le savoir-faire ne suffisait pas et qu'il fallait bien connaître les cultures », note Xavier Huillard. Le groupe dispose enfin d'une expertise plus diversifiée, notamment dans l'énergie, qui a constitué un bon amortisseur en 2009.LE CHEMIN DE LA CROISSANCEFort d'un carnet de commandes de 25 milliards, Vinci s'attend à une stabilité de son chiffre d'affaires en 2010 (avec un repli de 4 % dans les travaux, mais une hausse de 2,5 % dans les autoroutes). Il se sent capable de maintenir ses marges dans les travaux et son excédent brut d'exploitation moyen dans les autoroutes françaises (56 % du résultat opérationnel). Xavier Huillard compte reprendre le chemin de la croissance externe. Il veut poursuivre l'internationalisation des métiers et développer notamment l'ingénierie électrique, les infrastructures gazières et pétrolières et le génie civil spécialisé. L'autre grand enjeu de 2010 sera l'obtention d'un des grands projets de ligne TGV en France, gage d'années de travaux, Vinci espérant en parallèle signer le contrat de la ligne ferroviaire CDG Express ou de l'autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg.
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