L'Irak tente de tourner la page des conflits confessionnels

Le climat reste très tendu en Irak, où doit avoir lieu dimanche le deuxième scrutin législatif depuis l'invasion américaine de 2003 et la chute de Saddam Hussein. Du vote des 19,8 millions d'électeurs, dont certains ont déjà commencé à se rendre aux urnes ce jeudi pour des raisons d'organisation, est censé émerger un Irak un peu moins communautariste, où la confrontation entre chiites (près de 60 % de la population) et environ 40 % de sunnites, (Arabes et Kurdes) s'estomperait. S'il se concrétisait, ce scénario, vertueux mais fragile, donnerait le signal du retour rapide des soldats américain aux États-Unis. Pourtant, que ce soit Al-Qaida ou l'Iran tout proche, les volontés d'attiser les tensions en Irak et de barrer la route d'une réconciliation nationale ne manquent pas.« En 2005, le précédent scrutin avait été biaisé en raison du boycott par les sunnites », rappelle Denis Bauchard, conseiller à l'Institut français des relations internationales. Mais depuis, « l'Irak a retrouvé une certaine souveraineté en dépit des récents attentats », comme celui qui est survenu jeudi, poursuit cet expert. « Même si Al-Qaida revendique certains de ces attentats, il n'est pas certain que cette nébuleuse en soit toujours à l'origine », estime Denis Bauchard. Depuis l'Iran, les brigades Al-Qods, issues des Gardiens de la révolution iranienne, entretiennent volontiers un certain désordre en Irak.Mais dans la région, pas plus l'Iran que les autres grands pays (Syrie, Arabie Saoudite...) n'ont intérêt à ce que l'Irak sombre totalement dans le chaos. C'est en tout cas sur cet équilibre précaire que repose le pari de Barack Obama d'une diminution par deux à 50.000 soldats des effectifs américains d'ici à août. Il a besoin de redéployer ces troupes en Afghanistan, où la situation s'est gravement détériorée ces derniers mois.formations et coalitionsEn attendant, la relative amélioration de la sécurité en Irak renforce la popularité du Premier ministre, Nouri Al Maliki. « Mais il paraît très difficile d'en tirer des conclusions sur l'issue du scrutin », estime Denis Bauchard. Le paysage politique irakien est organisé autour de formations et de coalitions, mais pas de véritables partis. La formation de Al Maliki, l'Alliance pour l'État de droit, comprend pas moins de 40 mouvements et courants politiques, des membres des communautés chiites et sunnites et des indépendants. Pour Denis Bauchard, « ces élections ne donneront pas de résultats clairs », tant le jeu des alliances est ouvert. Et peut varier en fonction des arrangements, y compris financiers.Seule certitude, le nouveau Parlement confirmera le retour de la domination chiite. De même, il faudra s'attendre dans les semaines qui suivront la publication des résultats (sans doute le 18 mars) à ce que le nouveau gouvernement reste relativement faible. D'une part, la Constitution irakienne empêche l'émergence d'un exécutif fort et, d'autre part, le pouvoir du prochain Premier ministre reposera sans doute sur une coalition... de coalitions. ?
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