Les salaires mirobolants des joueurs de Ligue 1 masquent les difficultés des clubs professionnels. « Il y a un gros problème de financement. Cette année, les clubs pourraient perdre au total entre 100 millions et 150 millions d'euros. C'est considérable », se désole le président de l'Union des clubs professionnels de football (UCPF), Jean-Pierre Louvel, également à la tête du Havre Athletic Club (HAC). Prenant le taureau par les cornes, l'UCPF a officiellement proposé de plafonner les équipes à 22 joueurs pour les plus de 21 ans, les plus jeunes ne devant pas être contingentés. Cette baisse forcée obligerait les clubs, qui consacrent entre 60 % et 70 % de leurs revenus à la masse salariale, à faire mécaniquement des économies. La mode est actuellement à l'inflation, les équipes ayant en moyenne une trentaine de joueurs, certaines, comme Nantes, collectionnant 6 gardiens de but.Cette proposition a été faite oralement lors du dernier conseil d'administration de la Ligue de football professionnel (LFP) le 24 février. « C'est au moment où je mettais sur la table la suppression du mercato d'hiver que Jean-Pierre Louvel m'a demandé si j'étais d'accord sur le principe d'une réduction du nombre de joueurs », indique Philippe Piat, le président de l'Union nationale du football professionnel (UNFP), le syndicat des joueurs.levier de négociationSur le principe, l'UNFP est favorable à une idée qu'il défendait il y a quinze ans déjà. Mais pour le moment, hors de question de donner un aval à l'UCPF. « Nous ne serons pas d'accord tant que l'UEFA n'aura pas fait un geste envers nous. Ils n'ont jamais imposé des contrats écrits et des conditions de salaires minimales en Europe, car les pays de l'Est s'y opposent », s'insurge Philippe Piat. Ce dernier est mécontent de la politique sociale du président de l'UEFA, Michel Platini, et entend faire de cette mesure un levier de négociation au niveau européen. De fait, le conseil stratégique du football européen, qui réunit des représentants de l'UEFA, des ligues de football (EPFL), des clubs (via l'European Club Association) et des joueurs (la FIFPro, présidée par Philippe Piat), discutera d'un dispositif similaire le 12 avril prochain.« Nous avons un droit de veto, ce n'est pas à sens unique », prévient Philippe Piat. La limitation du nombre de joueurs fait partie des chevaux de bataille du président de l'Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, qui siège à l'ECA. Mais en France, l'UCPF n'a pas envie d'attendre une hypothétique décision européenne et souhaite imposer ce règlement dans l'Hexagone dès le 1er juillet 2011. Si la Ligue assure qu'un simple vote en conseil d'administration suffirait pour avaliser la mesure, l'UCPF, qui a les moyens de s'assurer la majorité des voix au conseil, ne souhaite pas passer en force et veut négocier un accord avec les joueurs. Ces derniers doivent étudier les répercussions en matière de chômage, de reconversion... Reste à savoir si, prise au niveau national, ce plafonnement ne handicaperait pas les clubs qui évoluent en Ligue des champions, comme Lyon, Bordeaux ou Marseille. n60 % des revenus des clubs (parfois jusqu'à 70 %) sont injectés dans la masse salariale.

latribune.fr

04 Mars 2010, 23:21

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