Le Sénat américain reste préoccupé par les pratiques de marché

Le sénateur démocrate Ted Kaufman ne désarme pas lorsqu'il s'agit de trading à haute fréquence. « Il est grand temps que nous mettions en balance le risque d'erreurs importantes du trading à haute fréquence et les avantages supposés en matière d'efficience des réductions du temps de traitement des ordres de plusieurs millisecondes », a-t-il martelé au Sénat ce mardi. Le parlementaire appelle la Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur américain, à exiger davantage de transparence sur l'activité à haute fréquence, via « le marquage et la déclaration des transactions ». Il l'enjoint aussi de s'attaquer au problème du nombre croissant d'annulations d'ordres sur les marchés, devenu « clairement excessif ». Enfin, il appelle l'industrie à coopérer.Le développement d'outils informatiques de traitement des ordres ultraperformants, capables de découper et de poster les ordres de manière optimale, de les confirmer ou de les annuler le cas échéant et saisir ainsi le moindre décalage en un temps infime, a permis de développer de nouvelles stratégies de tenue de marché ou encore d'arbitrage. La vitesse est devenue la variable clé, poussant les Bourses dans une course à la milliseconde. Aujourd'hui, le trading à haute fréquence représenterait de 60 % à 70 % des volumes d'échanges aux États-Unis et 30 % en Europe. Mais ce développement n'est pas sans poser des questions en matière d'intégrité et d'équité du marché.Ses défenseurs arguent d'une contribution à la liquidité. Ted Kaufman met en balance le coût pour l'investisseur, études à l'appui. Sans oublier le risque de manipulation et le risque systémique. À cet égard, la Réserve fédérale de Chicago a souligné, dans sa lettre mensuelle de mars, que la pratique « pouvait générer des erreurs et des pertes à une vitesse et d'une ampleur bien plus importantes que sur parquet ou un [simple système] électronique ». Les ordres erronés ont toujours existé : un zéro en trop ou une virgule mal placée... Mais la vitesse démultiplie le risque de dégât, à l'image de cet intervenant devenu non solvable en seize petites secondes en 2003. La Fed de Chicago cite aussi le cas de Credit Suisse, récemment mis à l'amende par le Nyse pour un incident survenu en 2007. Un simple changement de paramètre de l'algorithme de trading de la banque, en provoquant l'envoi de 600.000 messages en seulement vingt minutes, a suffi à engorger et à ralentir le moteur de confrontation des ordres de la Bourse.La SEC s'est attelée au sujet, en lançant une consultation (ouverte jusqu'au 21 avril) sur les pratiques de marché. En Europe, le Trésor britannique comme la Commission européenne ont indiqué leur intention de regarder de près le dossier.
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