Le capital-investissement veut attirer à lui les milliards de l'assurance-vie

«Il est absolument inconcevable que les assureurs, qui gèrent la plus grande poche de l\'épargne française [l\'assurance-vie ; Ndlr], consacrent 0,005% seulement de leur collecte au financement des PME et des start-up. C\'est honteux!», Louis Godron, président de l\'Association des investisseurs pour la croissance (Afic), n\'a pas mâché ses mots à l\'égard des compagnies d\'assurance, mercredi 4 octobre, en présentant le bilan semestriel du capital-investissement français.Il faut dire que ce bilan n\'est guère brillant, en particulier sur le front des levées de capitaux. Au premier semestre, les fonds de private equity, qui investissent dans des sociétés non cotées en Bourse, ont levé 1,8 milliard d\'euros seulement. Pour égaler l\'année 2011, au cours de laquelle ils avaient levé 6,5 milliards d\'euros, il leur faudrait donc récolter près de 5 milliards au cours du seul second semestre! Mission impossible. «Un certain nombre d\'équipes de private equity ne sont plus en mesure d\'investir dans des entreprises, faute de fonds», déplore Louis Godron.Une désaffection liée à la future réglementation Solvabilité IISi les ressources du capital-investissement français se tarissent, c\'est notamment parce que les assureurs, qui ont longtemps figuré parmi ses principaux pourvoyeurs de fonds, ne jouent plus ce rôle. Au premier semestre, les compagnies d\'assurance et les mutuelles ont injecté 125 millions d\'euros seulement dans le private equity, contre 971 millions sur l\'ensemble de 2011 et 2,3 milliards en 2008! Cette désaffection résulte en grande partie de la future réglementation dite de Solvabilité II, qui entrera en vigueur en 2013 et imposera aux assureurs de détenir davantage de fonds propres en face de leurs engagements dans des actifs jugés risqués, comme le non-coté.Un taux d\'épargne au plus hautMais Louis Godron n\'en démord pas, il est inconcevable pour lui que les fonds de capital-investissement n\'aient plus les moyens de financer les PME et les start-up, à l\'heure où l\'épargne des Français tutoie des sommets. L\'an dernier, le taux d\'épargne des ménages s\'élevait à 16,8% de leurs revenus, au plus haut depuis 1983. Et l\'un des placements préférés des Français, l\'assurance-vie, totalise des encours avoisinant 1.400 milliards d\'euros. Un montant colossal, qui attise les convoitises du capital-investissement. L\'Afic plaide ainsi pour la mise en place d\'un fonds de garantie, qui plafonnerait la perte potentielle encourue par les assureurs dans le cadre de leurs investissements dans le non-coté. «Cela permettrait de desserrer la contrainte imposée par Solvabilité II», explique l\'Afic.Une remise au goût du jour des contrats «DSK»?Autre piste évoquée: le développement de contrats d\'assurance-vie en unités de compte orientées vers le financement en fonds propres des PME, ce qui permettrait, là aussi, d\'éviter l\'écueil de Solvabilité II. «Les placements d\'assurance-vie en unités de compte n\'affectent pas les besoins en fonds propres des assureurs, le risque étant directement supporté par le bénéficiaire», souligne en effet l\'Afic. Il conviendrait d\'assortir ces contrats d\'un avantage fiscal à l\'entrée, afin de ne pas tomber dans le travers des contrats «DSK», lancés en 1998 et tombés en désuétude en raison d\'un avantage fiscal effectif à la sortie du contrat seulement. La fiscalité n\'a pas fini d\'alimenter les débats politico-économiques, en France. 
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