Dette publique  :  gare à l'indigestion

Gavés mais non rassasiés, les gérants de fonds ne se lassent pas des titres de dette émis mois après mois par les pays riches. C'est une chance car la crise qui a transformé les États en pompiers de l'économie a fait exploser les compteurs de leurs besoins de financements. Entre janvier et fin septembre, les pays de la zone euro ont levé sans problème 645 milliards d'euros d'argent frais sur les marchés, 45 % de plus que l'an dernier. Au vu des budgets 2010 que viennent de présenter les gouvernements européens, la manne ? si l'on peut dire ? ne risque pas de se tarir dans un proche avenir : comme aux États-Unis, dettes et déficits s'envolent de concert. Les critères de Maastricht, boussole financière des années d'opulence, sont devenus une fable que l'on se répète pour ne pas oublier. Mais cette crise qui fait dangereusement déraper les comptes publics contraint aussi les banquiers centraux à maintenir leur taux d'intérêt à un niveau très bas pour soutenir l'activité. L'argent ne coûte pas cher, et il ne rapporte rien. Les obligations d'État ont le mérite de payer mieux que les fonds monétaires, sans faire courir le même risque que les actions. D'où leur succès auprès des investisseurs, plus qu'échaudés par les produits exotiques qui faillirent les ruiner il y a deux ans. Le paradoxe, c'est que les États qui volent au secours de la croissance ne séduiront que tant que l'économie sera atone. Dès que l'activité se redressera, le patron de la BCE, Jean-Claude Trichet, qui ne risque pas d'oublier la fable de Maastricht, redeviendra le père fouettard des déficits et de l'inflation. Sa politique monétaire sera moins accommodante. La dette sera une source de grande inquiétude, synonyme d'incurie dans la gestion des deniers publics. Les gérants de fonds voudront être mieux payés pour acheter des obligations publiques. Voire ils n'en voudront [email protected] muriel motte
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