Affaire Kerviel ? : les traders sont toujours là

Jérôme Kerviel passera peut-être la nuit en prison ce mardi. D'ici là, le tribunal aura dit si l'homme qui est jugé pour avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société Généralecute; Générale est responsable des trois chefs d'accusation pour lesquels il est poursuivi. S'il est accusé de faux, d'abus de confiance et d'introduction frauduleuse dans le système de la banque, son procès est intéressant pour son exemplarité. Il a permis la mise en scène, avec un script détaillé, du film de la crise financière. Avec un scénario très simple?: prendre toujours plus de risques, avec un unique motif, faire gagner plus d'argent à la banque et à ses traders.Aujourd'hui les choses ont-elles vraiment changé?? Certes, le 15 novembre 2008, deux mois après la faillite de Lehman Brothers, prélude à une série de défaillances bancaires, les membres du G20 déclaraient la guerre à la finance irresponsable. Les dirigeants accusaient les établissements d'avoir mal évalué les risques et se fixaient une série de chantiers extrêmement ambitieux. Notamment, la révision des modèles de gestion du risque, des politiques de rémunérations des traders et de supervision des acteurs.Sommet après sommet, les pays membres du G20 ont pourtant dû avaler une partie de leur chapeau, ne parvenant ni à interdire, ni à harmoniser. Et si les bonus ont été encadrés, ils n'ont pas été limités. Si le sujet d'une taxe sur les banques a été à de nombreuses reprises discuté, elle n'a pas davantage fait l'objet d'un consensus général. Si les réformes prudentielles ont été dévoilées, l'Europe doute que les États-Unis jouent le jeu. Quant à l'organisation d'une supervision et d'une réglementation, un certain nombre d'acteurs planche déjà pour les contourner.Certes, des avancées ont été accomplies. Ainsi, le compte propre, métier sur lequel opérait Jérôme Kerviel, est devenu une activité soit trop chère en fonds propres, soit interdite en direct. Par ailleurs, la perte générée par Kerviel rejaillirait aujourd'hui sur le bonus des traders en vertu du nouveau principe de bonus-malus. Et en cas de perte catastrophique, la banque ne serait plus en péril puisqu'elle pourrait s'appuyer sur ses « coussins » de fonds propres. Mais à réduire le risque, on réduit la rentabilité. Combien de temps actionnaires et traders l'accepteront-ils?? Guénaëlle Le Solleu
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