Des bonus en baisse, mais pas pour tous

L'excès collectif n'a pas résisté à la crise dans les banques. Les bonus de plusieurs millions de dollars (ou d'euros) se sont raréfiés. Après une « annus horribilis » 2008, les marchés se sont envolés en 2009. La disparition ou la mise à l'arrêt de plusieurs banques comme Lehman Brothers, Royal Bank of Scotland, UBS ou Commerzbank ont permis à d'autres comme Goldman Sachs, Barclays, JP Morgan, HSBC ou BNP Paribas de rafler la mise et d'afficher des revenus record en 2009. Mais alors que surgissait la crainte de revoir les excès passés revenir au galop, les régulateurs et dirigeants politiques du G20 ont tapé du poing sur la table. Encadrement des bonus, taxe bancaire, menaces gouvernementales à l'encontre des banques, ces dernières ont été contraintes d'alléger leurs politiques de rémunérations. Les bonus sont désormais versés au moins à 50 % en actions sur trois ou quatre ans alors que certaines banques, pour la plupart européennes, payaient essentiellement en cash, d'un coup.Si bien que les taux de distribution des revenus en bonus sont passés de 50-60 % à 30-40 % en moyenne. Une importante chute en relatif qui masque une réalité plus contrastée. D'abord, les revenus de certains métiers, comme les marchés de taux, ont explosé si bien que certaines équipes ont conservé des bonus (cash et actions) très élevés dans l'absolu. Certaines ont même touché davantage qu'avant la crise, tant les affaires étaient bonnes. D'une manière générale ensuite, les banques ont accentué la différence de traitements de leurs traders. La logique a été de réduire davantage la rémunération des opérateurs qui gagnaient le moins pour protéger celle des plus « rentables ». Dit autrement, le bonus d'un trader « moyen » a fortement baissé quand celui des meilleurs a peu ou pas baissé voire augmenté dans de rares cas.La finance étant maître dans le contournement des règles, certaines banques ont même augmenté de 50 % à 100 % le salaire fixe (compris entre 100.000 et 150.000 dollars) de leurs meilleurs éléments pour compenser le recul des parts variables (voir ci-contre).L'horizon reste toutefois sombre. Dès 2010, les bonus vont encore baisser en valeur absolue car les revenus des activités de marché ont chuté de 30 à 40 %. Mais surtout, dans les prochaines années, les nouvelles normes réglementaires, dites de Bâle III, affecteront la rentabilité des banques. Celles-ci seront contraintes de compenser en réduisant leurs coûts et, en premier lieu, la masse salariale due aux bonus. La discrimination entre traders va s'accentuer. Matthieu Pechberty
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