L'Union européenne commence à peine à penser au lendemain

Avant l'été, on en était encore à se demander comment donner plus d'efficacité aux plans de relance. Quatre mois plus tard, les timides signes de reprise et les inquiétudes suscitées par les déficits ont changé les termes du débat : on ne parle plus que de stratégies de sortie des mesures exceptionnelles prises depuis un an pour renflouer le secteur bancaire et soutenir l'économie. Jean-Claude Trichet a expliqué devant le Parlement européen, il y a une semaine, qu'« à un moment » il faudrait bien les mettre en ?uvre. Trois jours plus tard, à Göteborg, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, aurait voulu que les Vingt-Sept et plus encore les seize membres de la zone euro s'engagent sur la date de 2011. Quoique soutenu par le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, il a fait chou blanc. Les ministres européens des Finances se sont mis d'accord pour? se donner du temps.Rendez-vous est pris pour le 3 novembre. La Commission européenne présentera alors ses prévisions économiques de printemps. « Ce sera le moment de décider », a assuré Joaquin Almunia le 1er octobre. Décider quoi ? Depuis un an, la Commission a essentiellement accompagné les efforts de relance des Vingt-Sept. Elle n'a jamais ouvertement consenti à mettre entre parenthèses le Pacte de stabilité et ses deux piliers : la limitation des déficits publics à 3 % et du stock de dettes à 60 % du PIB. Mais elle s'est abstenue d'ouvrir des procédures en déficit excessif contre les nombreux États déjà sortis des clous, ce qui lui a permis de ménager sa crédibilité. Cela ne fait pas une stratégie.Des économistes du Centre de recherche Bruegel ont calculé que la dette des pays de la zone euro s'élèverait encore à 75 % du PIB en 2020 dans l'hypothèse, la plus optimiste, où la croissance permettait de rattraper la tendance de production antérieure à la crise, donc de préserver les rentrées fiscales, et où la réduction progressive des déficits publics à concurrence de 0,5 % par an demandée par le Pacte de stabilité intervenait effectivement. « Trois facteurs creusent les déficits et vont devoir être compensés : les plans de relance, les pertes de recettes, la charge de la dette, explique le directeur de Bruegel, Jean Pisani-Ferry. Il n'y aura pas de consolidation miracle. »éviter l'affolementNon seulement, le chemin entre la fin de récession, qui désormais se profile, et la consolidation budgétaire sera long mais il reste à défricher. L'institut Bruegel plaide pour une « coordination exceptionnelle » sous la forme d'un « programme de soutenabilité à cinq ans » arrêté au Conseil européen du printemps 2010 et endossé par les Parlements nationaux. « Il faut avoir une stratégie affichée pour éviter que l'affolement sur le niveau des déficits ne gagne », estime l'économiste. Et d'ajouter : « La discussion commence tout juste. »Florence Autret, à Bruxelle
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