La grande distribution indienne est en pleine effervescence

Une population de plus d'un milliard d'habitants, une croissance vertigineuse et un commerce de détail voué à bondir de 53 % à 545 milliards de dollars d'ici à 2014. Le cabinet BMI Monitor l'assure: dans un contexte asiatique effervescent, «l'Inde devrait connaître le plus fort taux de croissance du commerce de détail, suivi par la Chine ». Le secteur de la distribution est dominé à 90 % par les petits commerces de proximité, les grandes enseignes n'ayant fait leur apparition que dans les années 1990. Les ventes de la grande distribution ne pèsent qu'une vingtaine de milliards de dollars mais bondissent de 20% par an selon le consultant A.T. Kearney. «Les opportunités en Inde demeurent immenses », note BMI. Le numéro un du secteur, Pantaloon Retail, dispose de 1.000 magasins et a ouvert son plus grand hypermarché Big Bazaar à Bombay, en juin. Bharti Retail compte inaugurer une soixantaine de grandes surfaces au second semestre 2010. Les autres leaders tels Reliance Retail, Aditya Birla Retail, RPG Group et Trent, division du Tata Group, fourmillent aussi de projets. «Il nous a fallu vingt ans pour ouvrir 30 magasins et nous ouvrirons les 30 prochains en moins de cinq ans », a promis Govind Shrikhande, le patron de l'enseigne Shoppers Stop. Réforme attendue Pour l'heure, ce marché reste largement fermé aux distributeurs étrangers. Il leur est impossible d'investir dans des magasins multimarques sous leur enseigne, donc dans leurs propres hypermarchés. Ces acteurs doivent se contenter de magasins de gros ou de cash and carry. Et la participation dans une enseigne de marque (Lacoste, Bata...) est limitée à 51 %. Mike Duke, le PDG du leader mondial Wal-Mart, a donc engagé Barack Obama à profiter de sa visite en Inde ce week-end pour faire pression sur le Premier ministre Manmohan Singh afin qu'il assouplisse cette législation restrictive. Le gouvernement envisage une ouverture mais le Parti du Congrès, qui domine le parlement, craint qu'une réforme lamine le petit commerce. L'Association des distributeurs indiens (RAI) milite en revanche pour une ouverture qui, selon elle, stimulerait les partenariats dans le multimarque et injecterait des capitaux pour les infrastructures et la logistique dont profiteraient les zones rurales. Le président de la RAI, Kumar Rajagopalan, estime qu'un assouplissement attirerait « au moins 20 milliards de dollars d'investissements en cinq ans ». En attendant une réforme, Walmart, associé à Bharti, a ouvert deux magasins de cash and carry dans le Punjab. Metro a fait de même à Bangalore, Hyderabad, Kolkata et Mumbai. Et Carrefour prépare pour novembre l'inauguration de son premier magasin de gros à Delhi, sous sa propre enseigne. Ce magasin de 5.100 m2 ne sera qu'un cheval de Troie, espère-t-il. Le groupe « continue d'étudier toute opportunité de partenariat pour exploiter en franchise sous le format hypermarché ». Depuis 2008, il organise des formations dans les coopératives agricoles de l'Uttar Pradesh, de l'Haryana et de l'Himanchal Pradesh, pour inciter les fermiers à « améliorer leurs compétences techniques ». Et Carrefour fait pression sur le gouvernement en rappelant que, chaque année, il achète pour 150 millions de dollars de produits « made in India ».
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