Paris à la reconquête du marché du carbone

carbonePartie en avance, la France s'est progressivement fait distancer sur le marché du carbone par des acteurs plus agressifs sur les marchés dérivés. Si l'essentiel des échanges au comptant se fait à Paris sur Bluenext, qui détient plus de 60?% de parts de marché, les échanges dérivés, qui sont dix fois plus importants, se concentrent à Londres et en Allemagne. Pour tenter de reprendre la main, Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde ont mis en place, hier, à la Caisse des dépôts, un comité appelé France Carbone, qui réunira deux fois par an industriels et financiers. « Le marché du CO2 a des perspectives de croissance et de développement absolument énormes », a martelé la ministre de l'Économie et des Finances, Christine Lagarde.France Carbone devra défendre l'idée d'une plate-forme unique où pourraient être mis aux enchères les quotas de CO2 (« La Tribune » du 5 août 2009). À partir de 2013, les trois quarts des quotas de CO2 ne seront plus donnés, mais cédés aux industriels. « Les montants récoltés pourraient atteindre de 25 à 50 milliards d'euros », affirme Jean-Louis Borloo. On comprend l'intérêt des places de marché et la nécessité d'installer une structure efficiente. « Au Royaume-Uni, c'est l'équivalent de l'Agence France Trésor qui gère les enchères actuellement, ce qui n'est pas optimal », assure Jean-Michel Charpin, auteur d'un rapport sur le futur système d'enchères sur le CO2 . Bluenext, filiale de Nyse Euronext, pourrait accueillir cette plate-forme. La place de marché lancera d'ailleurs, en janvier, la première plate-forme d'enchères sur les ERU, ces quotas générés par des projets de réduction d'émissions de CO2 dans les pays développés. Les membres du comité France Carbone se sont aussi inquiétés du manque de surveillance des marchés. À l'occasion de la découverte de fraudes à la TVA sur le marché du CO2 (lire ci-dessous), la question de l'instance de régulation du marché du CO2 s'est posée ? sans trouver de réponse. « La loi américaine en discussion prévoit des sanctions très sévères, comme des interdictions de marché ou la restitution des profits indus pour les éventuelles manipulations, alors que rien de tel n'est prévu en Europe », se désole Jean-Martin Folz, président de l'Afep. efforts importantsQuant au directeur général de Rhodia, Jean-Pierre Clamadieu, il a plaidé pour que l'Europe ne progresse pas trop vite dans le régime sans CO2 imposé aux industriels. « Réduire de 30 % les émissions de CO2 en Europe d'ici à 2020, c'est un objectif qui ne se justifie que si les autres font des efforts importants. Or, pour l'instant, les États-Unis visent une réduction de 4 % de leurs émissions, et la Chine une augmentation de 150 % » par rapport au niveau de 1990, a argumenté Jean-Pierre Clamadieu.
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