Foison de négociations sociales ? aux résultats très incertains

A peine remis des réjouissances et excès des fêtes de fin d'année, patronat et syndicats ont repris le chemin de l'avenue Bosquet. Mardi après-midi, ils se sont retrouvés au siège du Medef pour relancer leurs discussions sur la « modernisation du dialogue social ». Dès le 20 janvier, ils plancheront sur la gestion des conséquences sociales de la crise, avant d'enchaîner, le 25 janvier, sur l'évolution du paritarisme, le 26, sur le harcèlement et la violence au travail, puis, le 29, réfléchir, à des propositions en matière de politique industrielle. Entre-temps, après la défection du Medef et de la CGPME, syndicats et représentants de l'UPA (artisanat) auront soumis à Xavier Darcos, le ministre du Travail, leurs desiderata en matière de dialogue social dans les très petites entreprises (TPE). Et le rythme des réunions ne devrait pas ralentir jusqu'à l'été.Au final, l'agenda social du premier semestre 2010 sera l'un des plus chargés de ces dernières années. Mais ce foisonnement de discussions pourrait n'être qu'un feu de paille, tant le contexte se prête peu à la signature d'accords ambitieux. « 2010 risque de ne pas être très riche en résultats de négociations. Les discussions portent sur des sujets fondamentaux et des réformes qu'il faut faire, mais la configuration des astres n'est pas idéale », confirme Bernard Vivier, le directeur de l'Institut supérieur du travail (IST).Plusieurs facteurs vont, en effet, rendre complexe l'élaboration de compromis d'ici à l'été. Tout d'abord, les susceptibilités sont toujours à vif dans le camp syndical. Longtemps, les signatures de la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont constitué le socle d'une majorité, à laquelle s'ajoutait occasionnellement Force ouvrière, voire la CGT. Mais cette union réformiste n'a pas résisté à la défiance née de la réforme de la représentativité de 2008, qui crée des seuils à atteindre aux élections professionnelles et menace la survie des « petits » syndicats. petite musique personnelleDésormais, la CFTC n'hésite plus à faire entendre sa petite musique personnelle. Jacques Voisin, son président, s'en est ainsi récemment pris violemment à François Chérèque, son homologue de la CFDT. « C'est parce que les dirigeants de la CFDT sont toujours prêts à faire des concessions, à se compromettre avec le gouvernement et le patronat, à accompagner le système, pour que la pilule soit moins amère à avaler par les salariés du privé, les agents du public, les demandeurs d'emploi et leurs familles, que le monde du travail n'a rien à attendre de cette organisation », assène-t-il dans le dernier numéro de son journal interne. De son côté, la CFE-CGC, soumise à des tensions internes entre partisans d'un syndicat de cadres et défenseurs d'une organisation généraliste, fera preuve d'une très grande prudence jusqu'à la tenue de son congrès à Reims en février. Quant à la CFDT, qui se souvient du coût de son soutien à la réforme des retraites en 2003, elle évitera toute position risquée jusqu'à son propre congrès en juin à Tours.Dans le camp patronal, la concorde n'est pas non plus de mise. La décision, avant Noël, du Medef et de la CGPME de ne pas négocier sur le dialogue social dans les TPE en est la preuve. Des dissensions risquent désormais d'apparaître sur le très sensible sujet du paritarisme. Le tout, sur fond de renouvellement du mandat de Jean-François Roubaud à la CGPME ? a priori sans surprise, puisque seul candidat fin janvier ? et de Laurence Parisot à la tête du Medef ; une élection qui s'annonce plus ardue à la veille de l'été.Dans ce contexte déjà compliqué, le gouvernement risque de troubler encore la donne en mettant en tête de ses propres priorités sociales la baisse du chômage et la réforme des retraites. Conséquence : de toutes les discussions ouvertes par les partenaires sociaux, seules celles sur le harcèlement et, peut-être, l'emploi en période de crise ont des chances de déboucher sur du concret. Les autres risquent fort de s'enliser dans d'interminables « délibérations sociales » ? ces discussions préalables chères à Laurence Parisot pour établir un état des lieux commun ?, sans jamais déboucher sur des négociations en bonne et due forme.
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