Espagne

La quatrième présidence espagnole de l'Union européenne vient sans conteste à point nommé pour José Luis Rodriguez Zapatero. Elle commence en effet à un moment où, sous l'effet d'une crise économique plus persistante en Espagne qu'ailleurs, les socialistes au pouvoir sont désormais devancés par le conservateur Parti populaire (PP) dans tous les sondages : le dernier en date, rendu public samedi par le quotidien « El Mundo », reflète une différence sans précédent de 5,1 points.Même s'il devra partager les feux des projecteurs avec Herman Van Rompuy, le chef du gouvernement espagnol pourra redorer son blason en côtoyant tous les grands de ce monde durant un semestre particulièrement riche en sommets : pas moins de dix, dont deux multilatéraux, auront lieu en Espagne même, notamment avec Barack Obama, le roi du Maroc ou les représentants de tous les pays latino-américains et de ceux de la Méditerranée. Il devrait ainsi marquer des points dans un domaine où le Parti populaire, depuis son appui inconditionnel à l'invasion américaine de l'Irak, est traditionnellement en position de faiblesse : celui de la politique étrangère.Conscient que l'opinion publique comprendrait mal, à un moment où l'attention internationale sera braquée sur l'Espagne, que l'opposition lance une offensive à ce propos contre le gouvernement, le PP a d'ailleurs signé avec le gouvernement une espèce de pacte de non-agression concernant la présidence communautaire. D'autant qu'à l'exception de l'attitude à l'égard de Cuba, aucune divergence importante ne sépare les deux formations à propos de la stratégie à suivre par l'UE dans le monde.faiblesse du gouvernementMais l'opposition n'a pas pour autant renoncé à profiter de la présidence espagnole de l'UE pour lancer ses piques contre le gouvernement dans le domaine qui constitue le véritable talon d'Achille des socialistes : la gestion des turbulences économiques. Zapatero est-il réellement le mieux placé pour coordonner les stratégies de sortie de la crise des 27 alors que l'Espagne, en matière de récupération, est en retard par rapport à la plupart des grands pays de l'UE, se demande publiquement le PP. Et alors, ajoute-t-il, qu'elle figure parmi les lanternes rouges du peloton communautaire tant en matière de chômage que de déficit public ?Conscient de cette faiblesse, le chef du gouvernement entend mettre l'accent au niveau européen sur les priorités dont il estime qu'elles ont représenté ses grands succès à niveau national : l'importance accordée à l'« économie durable » d'abord, à un moment où, après l'échec de Copenhague, l'Europe doit redéfinir sa stratégie en matière d'écologie. Et la cohésion sociale ensuite, qui permet à l'Espagne de combiner paradoxalement un des taux de chômage les plus élevés des Vingt-Sept et un des niveaux de conflictualité les plus faibles. n
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