Le PS amende sérieusem ent son « keynésianisme », en insi stant sur l'investissement

Du projet socialiste, on peut dire beaucoup de choses. Qu'il est ancré à gauche... ou qu'il est, somme toute, assez réaliste et raisonnable. Question de point de vue. Si l'on s'attache avant tout aux symboles, aux mesures destinées à frapper les esprits - on pense, notamment, au plafonnement du salaire des patrons -, il est possible d'affirmer que Martine Aubry donne un coup de barre à gauche. Si l'on considère, au contraire, l'équilibre général, le cadrage des finances publiques, le constat doit être nuancé. Si l'on en croit le chiffrage des experts socialistes, la dépense publique augmenterait, à l'avenir, de 1,7 % l'an en volume, soit moins que la croissance anticipée (2,5 %). Les créations de postes dans la police ou l'éducation seraient, au moins pour partie, compensées par des suppressions dans les autres ministères. Surtout, le PS a entamé sa mue dans sa pensée économique. Derrière les dépenses annoncées, il y a bien l'amorce d'un changement de philosophie. Auparavant, il s'agissait surtout pour les socialistes de « réparer » les dégâts provoqués par la mondialisation. Le terme était, du reste, largement employé par Martine Aubry. Comment ? En créant de nouvelles prestations générales, à l'image du RMI, institué par Michel Rocard en 1988. Dans ce projet, on ne trouvera rien de tel. L'objectif est bien sûr de réduire les inégalités, de faire face aux conséquences d'un « capitalisme à bout de souffle » selon le terme utilisé. Mais les moyens envisagés sont novateurs : reprenant largement l'idée de Dominique Strauss-Kahn d'une lutte contre les inégalités « en les prenant à la racine », plutôt qu'en les corrigeant après coup, le projet socialiste, qui se fixe pour objectif de « bâtir l'égalité réelle », se focalise sur l'investissement. Investissement dans le capital économique, d'abord, avec l'idée d'une grande politique publique d'investissement, d'un financement par l'Europe de projets d'infrastructure, ou la baisse substantielle du taux d'impôt sur les sociétés, si les bénéfices sont réinvestis. Investissement dans le capital humain, ensuite, avec un surcroît de dépenses en faveur de l'éducation, et un soutien aux jeunes, via l'allocation d'études. Investissement dans l'écologie, enfin, avec la réaffectation « d'une partie des superprofits des groupes pétroliers dans les énergies renouvelables »... Il y a là presque un basculement d'une politique de soutien à la demande, à une stratégie de renforcement de l'offre... que la réforme fiscale promise vient contredire partiellement. En annonçant un alignement de la taxation des revenus du capital sur ceux du travail, soit une imposition accrue des premiers, alors qu'ils sont en réalité, tout aussi taxés, comme le démontrent les experts en fiscalité, le PS se montre contradictoire avec sa volonté d'encourager l'investissement. Il n'empêche : l'ensemble paraît « strauss- kahno compatible », les proches du directeur général du FMI, candidat préféré des Français, ayant d'ailleurs avalisé ce projet. Même si l'on ne doute pas qu'en cas de candidature de DSK, le texte sera largement amendé. Ivan Best
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