Le Sénat examine un Grand Paris aux contours incertains

Le projet de loi du Grand Paris arrive au Sénat ce mardi (jusqu'à jeudi) dans une version largement remaniée. Certains y verront une forme de désaveu vis-à-vis du projet initial de Christian Blanc, le secrétaire d'Etat au Grand Paris. D'autres souligneront que la nouvelle version amplifie la logique initiale du projet... Le débat sera vif.Le Grand Paris doit conforter la place de l'Ile-de-France dans la compétition internationale des « villes-monde », selon l'expression favorite de Christian Blanc. Il s'agit d'abord de construire une nouvelle ligne de métro automatique en rocade, une double boucle de 130 km autour de Paris, surnommée le « grand huit ». Il s'agit aussi de développer les territoires autour des gares de ce nouveau réseau, via des « contrats de développement territorial », outils juridiques ad hoc qui accorderont un large pouvoir à la future autorité gestionnaire du projet, la Société du Grand Paris. Enfin, il s'agit de valoriser le plateau de Saclay, afin d'en faire un pôle scientifique et technologique majeur, une sorte de « sillicon valley ». Le projet de loi pose les fondements juridiques de ces trois points. La commission spéciale constituée au Sénat sur ce texte a adopté 97 amendements, de façon, entre autres, à mieux associer les collectivités territoriales. La nouvelle version prévoit en outre une meilleure interconnexion de la « double boucle » avec les autres réseaux de transport, et s'efforce de clarifier le financement du Grand Paris. emprunts à long termeMais la nouvelle version ne lève pas toutes les incertitudes sur ce point, loin de là. Le lancement du Grand Paris doit être assuré via une dotation en capital de l'Etat de près de 4 milliards d'euros. Ensuite, sera lancée une série d'emprunts à long terme (40 ans), tandis qu'une série de financements spécifiques est prévue : taxe sur les plus-values immobilières réalisées autour des futures gares, produits des baux commerciaux dans ces mêmes zones, et imposition du matériel roulant utilisé par la RATP. Mais personne n'est pour l'instant capable de chiffrer le produit de ces taxes. Les estimations vont de centaines de millions à plusieurs milliards... Rien n'est prévu en outre pour financer le fonctionnement du réseau à terme. Enfin, même le chiffrage global du projet est incertain, évalué entre 21 et 25 milliards d'euros, voire plus. Globalement, le projet lui-même continue de rencontrer une franche hostilité des élus locaux franciliens. Farouchement opposé au projet, le président du Conseil régional, Jean-Paul Huchon, recevra mercredi soir des élus franciliens afin de « fédérer les initiatives » pour le retrait du Grand Paris. La bataille du Grand Paris ne fait que commencer. Stéphanie Tisserond
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