Berlin cessera l'an prochain de vendre sa dette aux particuliers

C’est une mort prématurée. Cinq ans après avoir vu le jour, la mascotte publicitaire de la Finanzagentur, le Trésor fédéral allemand, rejoindra l’an prochain le magasin des souvenirs. Cette tortue baptisée Günther Schild (jeu de mot entre Schildkröte, tortue, et Schild, protection, bouclier) avait pour ambition de vanter la sécurité des obligations fédérales auprès des particuliers. Or, en début de semaine, la Finanzagentur a annoncé qu’elle cesserait en 2013 la vente directe de titres de dette fédérale aux investisseurs particuliers.8,5 milliards d’euros placés en dette fédérale par les particuliersC’est la fin, outre-Rhin, d’une tradition vieille de 40 ans, qui voulait que le citoyen allemand puisse, sans frais, financer directement son Etat. Actuellement, 335.000 particuliers disposent d’un compte auprès de la Finanzagentur. En tout, ils ont investi 8,5 milliards d’euros. Une goutte d’eau au regard des quelques 2.100 milliards d’euros de la dette allemande. Mais l’investissement moyen n’en est pas moins notables pour des particuliers : 25.373 euros. Les comptes des clients pourront encore être approvisionnés jusqu’au 21 août en titres fédéraux de dettes. Puis, ils seront gérés jusqu’à l’épuisement des titres.Un décès sans regrets ou presqueCompte tenu de la faiblesse des taux allemands, rares sont les investisseurs qui regretteront aujourd’hui cette opportunité. Un deux ans allemand affiche aujourd’hui un taux quasi nul et parfois négatif : pas de quoi se protéger contre les 2,3 % d’inflation qui règnent aujourd’hui en Allemagne. Mais cela reste néanmoins la disparition d’un instrument de placement. Les Allemands étaient notamment assez friands des « Bundesschatzbriefe » (lettres du trésor fédéral) qui permettait de placer de petites sommes à partir de 52 euros durant 6 à 7 ans, pour un rendement faible, mais avec la possibilité de changer chaque année de « série ». Des séries dont les taux étaient alors réadaptés aux conditions de marché.Un « nouveau concept en préparation ?Evidemment, les Allemands pourront toujours passer par leur banque pour acheter de la dette fédérale. Mais cela leur coûtera plus cher. Chez Commerzbank, par exemple, la commission atteint 0,5 % des sommes placés. Avec un taux nul à l’arrivée, on conçoit le peu d’intérêt de ces produits pour les particuliers. « C’est un arbitrage entre l’utilité de ces comptes et les coûts qui y sont liés », se justifie le ministère fédéral des Finances. Mais cet abandon de la clientèle particulière par l’Etat est une victoire des banques qui ne décolérait pas des campagnes publicitaires de Günther Schild, notamment pendant la crise financière. Autant d’argent qui ne passait pas par elles. A Berlin, on assure cependant réfléchir à un « nouveau concept » pour les particuliers. Reste que, en Allemagne comme ailleurs, la crise de la dette a signé l’arrêt de mort de la démocratisation de la dette publique.En France, les OAT n’ont que peu de chance de se développerEn France, où François Hollande avait appelé à une \"renationalisation\" de la dette publique pendant la campagne présidentielle, le placement des OAT auprès des particuliers a peu de chance de se développer. Les banques sont en effet extrêmement réticentes à placer d\'autres produits que leurs produits \"maison\" auprès de leurs clients. Surtout, tous les emprunts destinés aux particuliers lancés ces dernières années se sont révélés beaucoup plus coûteux pour l\'Etat, que le recours aux investisseurs traditionnels du marché obligataire. 
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