CNP : le curieux processus de sélection du nouveau patron

Le poste de directeur général de CNP Assurances a de quoi exciter les convoitises. Le processus de sélection débuté en début d\'année se terminera le vendredi 7 septembre à l\'occasion d\'un conseil d\'administration dont le seul sujet sera la nomination du directeur général. Selon toute probabilité, le choix se protera sur Frédéric Lavenir, actuel directeur des ressources humaines et membre du comité exécutif de BNP Paribas. Si la procédure semblait partie pour respecter les meilleures pratiques préconisées dans le cadre de la bonne gouvernance des sociétés cotées, elle laisse au final, certains candidats \"surpris\" ou même \"sidéré\" par la manière dont elle s\'est déroulée.Une mission de pré-sélection avait été d\'abord été confiée à Jean-Michel Beigdeber  du cabinet CTPartners en début d\'année.  La date de départ du directeur général depuis 14 ans Gilles Benoist, atteint par la limite d\'âge était en effet programmée pour le mois de juin. Mais le report de la nomination du nouveau directeur général de la Caisse des dépôts après les élections présidentielles, a repoussé par ricochet le choix du directeur général de CNP dont la Caisse des dépôts est l\'actionnaire de référence. Des candidats triés sur le voletAu fil des semaines, le nom de certains candidats a publiquement circulé. Le premier et le plus évident a été celui d\'Antoine Lissowski, directeur général adjoint et dauphin déclaré de Gilles Benoist. A la surprise générale, Augustin de Romanet arrivé à la fin de son mandat de directeur général de la Caisse des dépôts en mars 2012 s\'est lui aussi déclaré candidat. Des candidats avec de sérieuses références dans l\'assurance sont entrés dans la course comme Jean-Pierre Menanteau (ancien administrateur de CNP et ancien Pdg d\'Aviva France), Florence Lustman (ancienne secrétaire générale de l\'Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles) Patrick Werner (ancien délégué général de la Fédération française des sociétés d\'assurance et ancien président de la Banque Postale). D\'autres candidatures se seraient manifestées plus discrètement. Parmi lesquelles, Philippe Donnet (ancient directeur général de la région Asie Pacifique pour Axa) ou encore Dominique Marcel. Cet ancien directeur financier de la Caisse des dépôts et actuel président de la Compagnie des Alpes, marqué à gauche (ancien conseiller économique de François Mitterrand, et ancien directeur de cabinet de Martine Aubry puis de Lionel Jospin) aurait lui aussi montré son intérêt.La désignation du président de CNP a changé la donneLe processus de choix a cependant été troublé par un deuxième recrutement. En plus du poste de directeur général, celui de Président de CNP Assurances était lui aussi à pourvoir. Michel Bouvard, qui présidait alors la commission de surveillance de la Caisse des dépôts s\'était montré intéressé. Le nom de Didier Banquy, alors directeur de cabinet de François Baroin avait, pendant un temps, été avancé. C\'est finalement Jean-Paul Faugère ancien directeur de cabinet de François Fillon qui a été désigné à l\'issue de l\'Assemblée générale de CNP fin juin.Le retournement de situation en juilletLa nomination d\'un président marqué à droite pour présider la CNP a bousculé le recrutement pour la direction générale. Alors qu\'Augustin de Romanet, semblait très confiant sur sa nomination, fort du soutien d\'Henri Proglio, Pdg d\'EDF et par ailleurs administrateur de CNP dont il préside le comité des nominations, une levée de boucliers s\'est produite en juillet dans les rangs socialistes. Ces derniers ne voyaient pas d\'un bon oeil se profiler un tandem penchant à droite pour diriger la destinée de la CNP, grande collecteuse d\'épargne et investisseur majeur en obligations d\'Etat français. \"Tout ce qui viendrait introduire de la politisation dans l\'entreprise est nuisible\", estime un proche du dossier.Afin de calmer le jeu, Jean-Pierre Jouyet, fraichement arrivé comme directeur général de la Caisse des dépôts (CDC) le 19 juillet et voix prépondérante du conseil d\'administration de CNP assurances (la CDC possédant 40% de la CNP), a donc préféré ne pas précipiter le choix. Il a été soutenu par le conseil d\'administration qui a annoncé le 26 juillet la prolongation de la durée du mandat de l\'intérim \"afin de mener à son terme le processus de sélection en vue de la nomination du directeur général\", celle-ci devant intervenir \"au plus tard lors de la séance du 25 septembre\". Le conseil avait cependant clairement exprimé son souhait que ce soit le plus tôt possible en septembre, car le processus de nomination avait déjà duré \"trop longtemps\" risquant de troubler la vision de l\'entreprise auprès des investisseurs étrangers.Qui a été auditionné ?Selon nos informations, le conseil d\'administration a décidé fin juillet de de relancer le mandat précedemment confié au chasseur de tête. Certains interprètent la démarche comme la volonté de faire \"table rase\" des précédents candidats, d\'autres comme le souhait d\'ouvrir la sélection. Toujours est-il que les candidats de la première vague n\'ont pas été auditionnés par le comité de nomination à l\'exception d\'Augustin de Romanet et d\' Antoine Lissowski. Ce dernier semble malgré tout faire les frais de cette compétition acharnée. Sa connaissance des rouages de l\'entreprise et de sa gestion financière n\'a pas réussi à emporter la décision sur son nom. Il reste néanmoins un homme clé de la CNP. Au point que plusieurs des candidats non retenus avaient envisagés une sorte de \"ticket\" avec ce numéro 2 de la compagnie.\"Rien n\'obligeait le comité des nominations à auditionner tous les candidats\", souligne un proche du dossier. sachant que le comité de nomination est composé de Henri Proglio (président), Jean-paul Bailly (président de La Poste), Jean-paul Faugère (président de CNP), Antoine Gosset-Grainville (Caisse des dépôts) et François Pérol (président du directoire). Reste que l\'audition de candidats chevronnés dans l\'assurance auraient permis de confronter les projets concernant CNP Assurances et \"d\'enrichir la réflexion des administrateurs\", remarque un spécialiste. Dans un contexte de décollecte de l\'assurance vie, de taux d\'intérêt bas et de changement des contraintes réglementaires sur la solvabilité, l\'assureur est containt de redéfinir sa stratégie afin de trouver de nouveaux produits et des relais de croissance. Il va devoir aussi renégocier d\'ici 2015 les conventions qui le lient avec ses partenaires distributeurs que sont La Banque Postale et les Caisses d\'Epargne eux même placés devant la nécessité de collecter prioritairement de l\'épargne bancaire pour se procurer des liquidités. 
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