Armement : les liaisons dangereuses de l'Allemagne avec l'Egypte

En Allemagne, les ventes d\'armes autorisées par Berlin vers des pays sensibles, dont celles à destination des pays du Golfe et du Moyen Orient, font débat. Plus particulièrement celles vers l\'Egypte, plongée actuellement dans une vague de violences entre les pro-Morsi, l\'ancien président de l\'Egypte renversé, et l\'armée revenue au pouvoir. Cela n\'a pas échappé à l\'opinion publique allemande, qui demande aujourd\'hui des explications à la Chancelière. Car depuis son arrivée au pouvoir en 2005, Angela Merkel a décomplexé les industriels de l\'armement ainsi que les diplomates allemands sur le dossier des ventes d\'armes « Made in Germany ». Berlin aurait même insisté pour que l\'interdiction européenne d\'exportation d\'armements vers l\'Egyptese cantonne exclusivement aux matériels de sécurité publique (répression d\'émeutes).Le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) a classé dans son rapport 2011 l\'Allemagne au 3ème rang mondial des exportateurs d\'armements conventionnels majeurs sur la période 2006-2010. L\'Allemagne détient 11 % du marché mondial, devançant la France (7 %) et la Grande-Bretagne (4 %). Les Etats-Unis sont au 1er rang (30 %), suivis par la Russie (23 % ). Année après année, l\'Allemagne est régulièrement classée troisième, quatrième ou cinquième exportateur mondial d\'armes classiques en valeur. Le blindé, best-seller de Berlin « S\'il y a une chose que les Allemands savent bien faire, ce sont les blindés, écrivait Der Spiegel fin décembre 2012. Dans toutes les variantes, avec des roues, avec des chenilles, pour le combat, pour le transport ». Et les blindés allemands utilisés pour le maintien de l\'ordre - les Fahd, dérivés des TH 390 de Rheinmetall et fabriqués sous licence sur place - ont été mêmes très efficaces en 2011 en Egypte contre les manifestants du printemps arabe.Le SPD a critiqué les livraisons d\'armes à l\'Egypte et estime que la stratégie d\'Angela Merkel d\'utiliser les exportations d\'armes comme un levier pour le maintien de la paix, est un échec. Ces derniers mois, l\'Allemagne a réussi à vendre des chars Leopard au Qatar (62 exemplaires) et en Indonésie (104).Les deux-sous marins de la discorde Mais il y a une affaire qui embarrasse au plus haut point Berlin : les deux sous-marins U-209 vendus pour environ 700 millions d\'euros par HDW, filiale de TKMS (ThyssenKrupp Marine Systems) que l\'Allemagne a autorisé à exporter en Egypte. Un contrat contesté par Israël mais finalement confirmé par Berlin fin 2011. L\'Allemagne a décidé de… ne rien décider. D\'autant que le premier sous-marins en construction à Kiel devrait être achevé en 2016. D\'ici là, Berlin espère que la situation en Egypte se sera clarifiée et pourra ainsi autoriser la livraison. Le SPD, rival du CDU de Merkel, est également resté très prudent. Et pour cause. Il est très implanté au nord de l\'Allemagne où sont construits les deux sous-marins.TKMS a tous les coups gagnantEnfin, TKMS n\'est pas trop inquiet, le groupe naval pouvant faire jouer la garantie d\'Hermes, l\'équivalent allemand de la Coface, à hauteur de 700 millions d\'euros en cas de problèmes politiques. C\'est peut-être la marine allemande qui pourrait se retrouver avec deux sous-marins dépassés sur les bras. Berlin pourrait peut-être les proposer à la Pologne, dont la marine veut se doter de deux sous-marins. Pour l\'heure, ce n\'est pas la priorité de la Pologne, qui vient de réduire son budget de la défense. Mais en 2016, pourquoi pas...
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