Le marché obligataire émergent séduit les investisseurs

Après s'être portés sur les actions des pays émergents, les investisseurs s'intéressent désormais à leur dette. « Jusqu'alors sous-représentée dans les portefeuilles des institutionnels, la reconnaissance de cette classe d'actifs à part entière et le réajustement des allocations sont en train de se produire », observe Anne-Laure Frischlander, directeur général de BNY Mellon AM en France. Ainsi, certains fonds de pension y placent entre 2 % et 5 % de leurs actifs, soit en arbitrant en défaveur des actions soit en puisant dans leur cash. Pour des raisons d'allocations d'actifs réglementaires, et de recherche de rendement, les institutionnels ont d'importants besoins en obligations. « Mais ils ne veulent plus uniquement du bund allemand ou du 10 ans américain car pas assez rémunérateurs aujourd'hui », indique Pierre-Yves Bareau, responsable de l'équipe dette émergente chez JP Morgan AM. Le rendement moyen est de 5,75 % et le spread avec le 10 ans américain est de 320 points de base (pb). Certes, il s'est réduit car les taux sous-jacents ont baissé. Ce marché peut donc paraître cher en absolu mais reste attractif en relatif.« Diversifier le risque »« Ce qui est nouveau, note Pierre-Yves Bareau, c'est que les investisseurs regardent cette classe d'actifs pour diversifier le risque. » Sur le plan macroéconomique, les émergents sont dans une situation différente de celle des pays développés. Alors que ces derniers, notamment les États-Unis et certains pays de la zone euro, sont empêtrés dans une crise de l'endettement sans précédent, les émergents ne sont pas en situation de « deleveraging » (désendettement). « Les perspectives attrayantes des pays émergents combinées aux politiques monétaires plus transparentes et une maîtrise de l'inflation ont permis à une majorité de pays d'obtenir une notation d'?investment grade? et une forte croissance des volumes et de la liquidité », indique Anne-Laure Frischlander. S'ajoute une appréciation structurelle de certaines devises.Quant au crédit, dont le rendement moyen est de 370 pb, les émissions se font surtout en dollars et moins en devise locale, le marché étant encore étroit et pas assez sophistiqué.L'obligataire émergent présente donc des atouts, mais n'est pas sans risques. Pierre-Yves Bareau en voit deux : une vraie déflation aux États-Unis et en Europe combinée à une récession pèserait sur la croissance, et impacterait les pays émergents, dont l'économie dépend encore fortement des exportations ; à l'inverse, si la croissance repart avec de l'inflation, celle-ci se verra d'abord dans les pays émergents. T. S.
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