Plus de sens pour moins de stress

« C'est le sens donné par ce qu'on fait qui protège contre le stress », affirmait avant-hier le célèbre psychiatre Patrick Légeron interviewé par « Le Figaro » sur la formidable résistance au stress des hommes politiques. « Donner du sens » : voilà en deux mots à quoi se résume notre quête actuelle du bonheur. Voilà aussi pourquoi certains dirigeants et cadres supérieurs « bien dans leur job » ont du mal à comprendre le stress au travail. À l'instar des politiques, ils ont une grande marge d'action dans leurs fonctions, se sentent dans la puissance de celui qui décide ou préside, et sont de fait mieux résistants à la pression quand bien même celle-ci est très forte. Mais quand on exécute quotidiennement une tâche qui semble mener à une impasse, quand on sent son poste menacé, quand les ressources nécessaires à la bonne exécution font cruellement défaut, alors on se sent impuissant, on perd le sens et on devient vulnérable. Capacités à maîtriserEt face à la complexité des organisations et aux interrogations stratégiques, nombreux sont ceux qui ont perdu le sens sur la route du travail. D'où un niveau de stress maximum. Alors, il va falloir compter sur soi pour générer ce sens. Comment ? Premièrement repérer ce qui au quotidien produit des émotions positives. Et développer une forme d'auto-efficacité qui malgré un environnement contraignant permet de nourrir la croyance en ses capacités à maîtriser certaines situations et y réussir. Effet bien-être garanti et niveau de stress un peu plus bas. Ensuite trouver du plaisir dans ce que l'on fait, pas tant dans le résultat (surtout s'il est empêché) que l'activité en soi, la relation avec les autres. Ce qui permet de gommer un peu les notions de temps et d'espace et de laisser s'exprimer pleinement la force du moment présent.Même si on ne réalise rien d'extraordinaire, une concentration intense, un engagement profond renforce le sens du soi et transforme le travail en une expérience plus riche. Lâcher le but et les objectifs en somme. Sortir de la seule voie de la performance et évaluer le travail pour ce qu'il est : un moyen de développement et de progression. Il participe à notre construction, notre évolution et notre identification au sein d'un groupe. Car le sens ne se donne pas. Il se vit, s'écoute, se découvre et se construit et se nourrit au gré de nos actions et de nos pensées qui font le lien entre nos aspirations et les contraintes d'une situation. Un peu comme en psychanalyse finalement où écouter la manière dont un symptôme fait sens peut conduire à un mieux-être. Mener une existence qui a du sens, c'est chercher à comprendre nos intentions et utiliser cette compréhension pour construire nos pensées et nos actions. Mais attention. Comme le souligne le philosophe Charles Pépin dans son anti-manuel de philosophie qui sort aux Éditions Flammarion, « il ne faut pas vouloir trouver un sens à toutes choses mais simplement aux choses humaines. Il faut en revanche vouloir trouver les causes des choses non humaines. » Tout ceci ne dispense pas les managers de prendre en compte l'organisation du travail et d'agencer les tâches et les conditions dans lesquelles elles s'accomplissent pour donner du sens au travail de leurs collaborateurs. Le bien-être psychologique s'avère une responsabilité partagée. Exergue
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.