La mue difficile du géant de Redmond

En dépit de ses tentatives de diversification, Microsoft reste encore aujourd'hui très dépendant de ses produits historiques. Sur son exercice 2008-2009, les deux divisions commercialisant ses systèmes d'exploitation Windows et la suite bureautique Office (Word, Excel, etc.) ont représenté conjointement 60 % de son chiffre d'affaires. Et dégagé des rentabilités stratosphériques, avec des marges opérationnelles de respectivement 74 % et 64 %. Mais, défié de plus en plus ouvertement par Google, bousculé par l'importance croissante de l'Internet et des services hébergés dans le « nuage informatique », Microsoft ne peut pas rester inactif. Avant les annonces d'aujourd'hui sur le mobile, sous la contrainte, le numéro un mondial du logiciel a déjà amorcé un virage stratégique majeur bousculant le modèle économique qui a fait sa fortune depuis sa création : celui des logiciels payants installés sur le disque dur d'un PC. Sur le modèle des Google Apps, la série gratuite d'outils bureautiques hébergée en ligne par le géant de l'Internet, Microsoft va ainsi lancer l'an prochain une suite baptisée « Office Web Apps ». Cette suite propose des versions allégées de ses logiciels « blockbusters » Word, Excel ou Powerpoint. Petite révolution, elle sera gratuite pour le grand public. Le groupe financera ce service par la publicité. Autre incursion de Microsoft dans le logiciel gratuit, le lancement récent d'un antivirus baptisé Microsoft Security Essentials, qui remplace un produit payant.concurrence acharnéeDans d'autres domaines, Microsoft veut également s'adresser directement au consommateur, plutôt qu'à des entreprises ? les constructeurs informatiques ? qui étaient jusqu'à présent ses interlocuteurs privilégiés. En témoigne l'intense campagne de communication déployée à l'occasion du lancement de son nouveau moteur de recherche Internet Bing en mai dernier, pour installer la marque. Mais, malgré un accueil généralement favorable des spécialistes, et quelques parts de marché grignotées après son lancement, Bing n'a pas pour l'heure vraiment modifié l'équilibre des forces dans la recherche sur Internet, tutoyant les 10 % de part de marché aux États-Unis. L'accord conclu avec Yahoo, en vertu duquel Microsoft développera les outils de recherche et Yahoo commercialisera la publicité pour les sites des deux groupes, pourrait changer la donne. Mais il doit encore recevoir le feu vert de plusieurs autorités de la concurrence. L'offensive de Microsoft dans le matériel a pour l'instant été plus concluante. Le groupe a réussi à imposer sa console Xbox dans le monde du jeu vidéo ou il est désormais un acteur qui compte. Longtemps déficitaire, sa division de divertissement est désormais profitable. À court terme cependant, la performance de Microsoft dépendra surtout d'un lancement rappelant son modèle économique traditionnel, celui de son nouveau système d'exploitation Windows 7. Seule petite différence, Windows 7 trouvera sur sa trajectoire un produit gratuit porté par un redoutable concurrent, le système d'exploitation Chrome OS, que Google compte lancer en 2010. Olivier Hensge
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