Le G7 fait à nouveau trébucher le dollar

changesQue le G7 soit « en voie d'extinction », comme l'a crûment déclaré Dominique Strauss-Kahn samedi, est devenu une évidence à la réouverture du marché des changes hier, après la réunion de ses grands argentiers à Istanbul durant le week-end. Le G7, qui avait un moment fait la pluie et le beau temps sur ce marché où s'échangent désormais près de 4.000 milliards de dollars par jour, a perdu la main. Par manque d'intrépidité. En se contentant de réitérer que la volatilité excessive et les fluctuations désordonnées des taux de change étaient nuisibles à la stabilité économique et financière, soit exactement la même antienne qu'en avril, alors que se profile une guerre monétaire, le G7 a perdu sa crédibilité. Au plus mauvais moment et les acteurs du marché des changes ne s'y sont pas trompés : ils ont réactivé le courant vendeur de dollars interrompu en fin de semaine dernière. Alors que la remontée de l'aversion au risque liée aux craintes de reprise en W aurait dû le soutenir, le billet vert est retombé vers le bas de sa récente fourchette de transactions, refranchissant le seuil de 1,4650 pour 1 euro.Le marché aurait souhaité que le G7 prenne position sur l'actuel accès de faiblesse du dollar, au lieu d'être inondé, ex post, d'une avalanche de propos incantatoires. À l'instar de ceux de Christine Lagarde, déclarant : « Nous voulons tous un dollar fort », ou même de Jean-Claude Trichet, estimant que « la nécessité de rééquilibrer l'économie mondiale ne veut pas dire du tout que le dollar doive se déprécier par rapport à l'euro ». Sans l'évoquer non plus dans leur communiqué, les protagonistes du G7 ont pourtant bien identifié la racine du problème qui fait trébucher le dollar et propulse l'euro à des niveaux incompatibles avec le redressement de l'économie du Vieux Continent. À mots couverts, le président de la Banque centrale européenne l'a évoqué hier, en estimant qu'un certain nombre de pays émergents devraient laisser leur monnaie s'apprécier face à l'euro et au dollar afin de partager une part du fardeau du rééquilibrage mondial. dumping monétaireLa Chine, qui accumule des tombereaux de devises pour empêcher son yuan de monter, fait partie des pays incriminés. Mais elle est loin d'être la seule, et les pays émergents, habitués de longue date à brider leurs monnaies, ont fait des émules dans le monde industrialisé. N'est-ce pas la Suisse qui mène depuis la fin de l'hiver dernier la campagne la plus active pour empêcher son franc de s'apprécier ? La Grande-Bretagne ne se livre-t-elle pas à un dumping monétaire qui ne cache pas son nom en laissant sa livre faire naufrage à deux reprises en moins d'un an ? Et ils se multiplient comme des pains ceux qui cherchent à tirer partie des bienfaits d'une monnaie affaiblie sur une économie laminée.
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