Areva et EDF négocient séparément pour décrocher deux EPR en Chine

En Chine, « l'équipe de France du nucléaire », chère à Nicolas Sarkozy, reste un voeu pieux. Ce qui n'empêche pas la filière française d'avancer ses pions, mais en ordre dispersé. Areva espère ainsi profiter de la visite à Paris du président chinois Hu Jintao, début novembre, pour décrocher la commande de deux nouveaux EPR, qui viendraient s'ajouter aux deux réacteurs français de troisième génération en construction à Taishan, dans le sud de la Chine. Il s'agirait d'un protocole d'accord, première étape avant un contrat définitif. Ironie du sort, très française, Areva négocie ce contrat avec l'électricien chinois CGNPC, copropriétaire avec EDF, des deux premiers EPR qui sortent de terre actuellement. EDF détient 30 % de la société commune qui construit et va exploiter les réacteurs de Taishan 1 et 2. Pour autant, les Français ne se parlent pas. « Notre interlocuteur unique est l'opérateur majoritaire CGNPC », précise-t-on chez Areva. Quant à EDF, pour l'heure, il n'est pas associé aux projets de Taishan 3 et 4. Mais il y travaille. « Nous avons un partenariat de longue date avec CGNPC que nous souhaitons élargir. Des discussions sont en cours », déclare l'électricien. « Tout le monde se focalise sur le contrat perdu à Abu Dhabi, mais le vrai échec du nucléaire français, c'est la Chine, s'exclame un fin connaisseur du secteur. EDF et Areva se disputent sur place depuis des décennies, pendant ce temps-là, les Chinois rigolent. » Ils ont, en tout cas, passé fin 2006 à Toshiba-Westinghouse leurs premières commandes de réacteurs de troisième génération. Et n'ont signé un contrat de 8 milliards d'euros avec Areva fin 2007 qu'après l'entrée d'EDF dans le jeu, comme investisseur. EDF et Framatome (ancêtre d'Areva) ont pourtant déjà construit ensemble, entre 1987 et 2002, pour le même CGNPC, les centrales de Daya Bay et de LingAo. Technologie inéditeDébut novembre, Areva table, par ailleurs, sur des avancées dans la discussion initiée de longue date avec la Chine sur une usine de retraitement du combustible usé. Un accord intergouvernemental pourrait être paraphé. Les deux pays ont déjà signé un accord de coopération sur ce sujet fin 2007. Les discussions sur cette usine, réalisées sous l'oeil des Nations unies, ont longtemps achoppé sur la question de la séparation du plutonium, issu du retraitement. Désormais, Areva propose un « retraitement de troisième génération », c'est-à-dire une usine qui récupérerait le plutonium et le mélangerait, directement, avec de l'uranium pour former un nouveau combustible. Une technologie inédite dont le coût est estimé à 15 milliards d'euros.
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