Le monde du sport défend son droit au pari

sportifsLes paris sur Internet, qui s'ouvrent l'an prochain à la concurrence, font saliver le monde du sport. Originalité française, le texte de loi qui arrive devant le Parlement le 7 octobre prochain, confère un « droit de propriét頻 aux organisateurs d'événements, à savoir les ligues et les fédérations. Une première en Europe. « C'est un outil de régulation et de surveillance », explique le rapporteur du projet à l'Assemblée nationale, Jean-François Lamour. Les opérateurs de paris devront donc demander aux instances sportives le droit d'organiser des paris sur la Ligue 1, sur Roland-Garros? Leur argument : le mouvement sportif veut prévenir la triche. Il s'agira par exemple d'interdire les paris susceptibles d'entraîner la corruption des joueurs ou des arbitres, comme par exemple les paris sur les fautes, sur les compositions d'équipe, la minute du premier corner? Autant de pratiques qui risquent de décrédibiliser à terme les compétitions. « Si l'enjeu financier est supérieur à l'enjeu sportif, il y a de la triche. Le phénomène est généralisé dans les pays de l'Est », explique un expert du football. Comme en Australie, la Ligue de football professionnel veut par exemple avoir un accès aux bases de données des paris enregistrés par l'opérateur, afin de détecter les mouvements suspects. Malgré le soutien du gouvernement, cette disposition est loin de faire l'unanimité. mouvements suspectsFarouche opposant, le député UMP, Yves Censi, ancien cadre de la Française des Jeux, fait remarquer que le droit au pari va créer « des liens financiers directs entre les opérateurs et les ligues ». Il prône à la place une gestion collective, sur le modèle des sociétés d'auteurs. Nicolas Forissier (UMP) a déposé des amendements prônant la suppression de cet article. Les opérateurs, qui craignent une contagion de ce droit en Europe, tentent de montrer patte blanche en présentant l'European Sports Security Association (ESSA), une association chargée de repérer les mouvements suspects sur les sites de paris qu'ils financent. Bien sûr, hors de question pour la future autorité des jeux en ligne (Arjel) de laisser le contrôle du marché aux mains de sociétés privées, à la fois juge et partie. D'accords pour lutter contre la corruption, les opérateurs ne veulent surtout pas verser une part des recettes des paris à chaque organisateur d'événements, en particulier au football ou au tennis.« Ce droit de propriété n'aura pas de valeur commerciale », assure Jean-François Lamour, qui rappelle que le sponsoring représente déjà une nouvelle source de revenus. De fait, selon le texte actuel, ce droit ne pourra être ni « exclusif » ni « discriminatoire » et les contrats devront être soumis à l'Arjel. Du coup, son potentiel commercial pourrait être très limité. L'Union des clubs de football professionnel (UCPF), soutenue par le président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, a donc introduit dans le texte un amendement gravant dans le marbre leurs droits sur leurs marques, leurs logos, leurs bases de données, leurs images. Objectif : avoir du contenu à commercialiser au plus offrant, sans passer par l'Arjel. Les ligues voient d'un mauvais ?il la possibilité faite aux clubs de passer des accords directs avec les opérateurs sans leur intermédiaire. Un amendement requérant la disparition de l'article soufflé par l'UCPF a déjà été déposé par deux députés UMP. En Australie, les organisateurs toucheraient environ 2 % à 3 % des mises de la part des opérateurs de paris.
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