Le Japon renoue avec sa politique de taux zéro

La Banque du Japon semble prête à tout pour empêcher le yen de monter. Tout a commencé avec l'intervention massive sur le marché des changes, chiffrée à 25 milliards de dollars, le 16 septembre, alors que la monnaie nipponne s'était retrouvée propulsée à son plus haut niveau depuis quinze ans face au billet vert, à 82,90 pour un dollar. Et puis hier, à l'issue de son conseil, elle a sorti l'artillerie lourde. D'abord, la banque centrale de Tokyo a renoué avec la Zirp, sa politique de taux zéro, pour la première fois depuis quatre ans. Elle a décidé d'encadrer son taux directeur dans une fourchette de 0 % à 0,1 %, alors que depuis décembre 2008 elle le maintenait à 0,1 %. Ce taux restera en place jusqu'à ce que la guerre contre la déflation soit gagnée et que les prix remontent vers l'objectif d'inflation de 1 % qu'elle se fixe. Ensuite et surtout, Masaaki Shirakawa et ses pairs de la Banque du Japon vont examiner la mise en place d'un programme d'achats d'actifs (emprunts d'Etat et actifs financiers) portant sur au moins 5.000 milliards de yens, soit 60 milliards de dollars, avec pour objectif de faire refluer les rendements à long terme et, implicitement, de rendre le yen moins attractif. « Spirale vicieuse »Ce nouveau dispositif d'assouplissement quantitatif au sens propre du terme, qui consiste à faire fonctionner la plancher à billets, s'ajoute aux autres mesures de politique monétaire non conventionnelles déjà adoptées, notamment les 30.000 milliards de yens de prêts à taux préférentiels consentis au système bancaire. Le recours à de nouvelles incursions sur le marché des changes, si le yen venait à s'aventurer à nouveau dans la zone « interdite » de 82 pour un dollar, reste aussi à l'ordre du jour. Pour un pays dont le rythme de croissance patine et qui ne parvient pas à s'extirper de la spirale déflationniste avec laquelle il se débat depuis plus de dix ans, cette politique fait sens. À l'échelle nationale. Car, à l'échelon international, les mesures annoncées hier, que l'institut de recherche Daiwa qualifie de « spirale vicieuse », entretiennent une guerre fratricide des taux de change qui monte en puissance de jour en jour. On assiste à l'instauration progressive d'une nouvelle phase de « QE » (pour quantitative easing) dans les pays les plus puissants de la planète, qui pourrait gagner en agressivité. C'est ainsi qu'après avoir annoncé qu'elle étudiait la mise en place d'un QE2 à l'issue de son conseil du 21 septembre, la Fed prépare les marchés au passage à l'acte. Lundi soir, Ben Bernanke, son président, a affirmé : «Je crois vraiment que des achats supplémentaires ont la capacité d'assouplir les conditions financières». La Banque d'Angleterre n'est pas en reste, qui envisage également de réactiver son programme d'achats d'actifs. La BCE, qui ne pratique l'assouplissement quantitatif qu'au compte goutte, bien qu'elle ait une nouvelle fois augmenté ses rachats de titres de dette des pays de la zone euro en difficultés, apparaît donc bien isolée. Et contrainte de regarder impuissante l'euro attirer comme un aimant les déçus du dollar, du yen ou de la livre. Hier, la monnaie unique s'est hissée au-dessus de 1,38 dollar pour la première fois depuis six mois.Lire l'enquête page 11
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