Dérapages en vue pour l'EPR de Flamanville

Les ingénieurs qui travaillent depuis 2005 sur le chantier finlandais de l'EPR d'Areva vont se réjouir. La course de vitesse qu'ils mènent contre l'autre chantier de l'EPR, qui a démarré, lui, en 2007, à Flamanville (Manche), est relancée. Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, a confirmé hier devant l'assemblée générale des actionnaires que les premiers kilowattheures ne seraient pas « commercialisés » avant 2013. Depuis le début de ce chantier, EDF se cramponne pourtant à la date de 2012.« Fin 2012, le réacteur aura certainement démarré, mais ce ne seront que des essais », décrypte-t-on en interne. En attendant, la facture va certainement être une deuxième fois relevée. Des discussions ont en effet été engagées au printemps dernier avec Bouy-gues, en charge du génie civil, pour tenir « coûte que coûte » l'objectif d'un démarrage en 2012. Ces discussions sont sur le point d'aboutir. Les deux partenaires finalisent de nouvelles dispositions contractuelles afin de renforcer les moyens sur le chantier. Ils envisagent, par exemple, de passer en 3x8 avec des équipes postées six jours sur sept pour assurer le génie civil, le ferraillage et le coffrage. Une augmentation des effectifs de chantier, qui pourraient être portés de près de 1.500 à 2.000 personnes, est également étudiée. En revanche, les dernières demandes de l'autorité de sûreté nucléaire française sur le contrôle-commande n'auront pas d'impact, répète EDF.Interrogé sur les éventuelles pénalités qu'il pourrait encourir, ou les provisions qu'il pourrait devoir passer, Bouy-gues Construction ne fait aucun commentaire, mais précise « être totalement mobilisé pour mettre les moyens nécessaires en ?uvre pour tenir le planning ». En interne, on s'attend donc à un relèvement de la facture. Deux enceintes en bétonEn décembre 2008, EDF avait déjà annoncé une augmentation de 20 %, qui faisait passer l'EPR français de 3,3 à 4 milliards d'euros. À l'époque étaient invoqués les déboires du tunnel creusé par une filiale de Vinci pour construire une galerie de rejet sous la mer. L'opération de « soudage » du « liner », conduite par Bouygues Construction ? cette peau métallique destinée à assurer une étanchéité maximale et qui recouvre la seconde enceinte en béton elle-même située à l'intérieur du bâtiment réacteur ? a enregistré, elle aussi, des retards.Les nouvelles centrales nucléaires EPR sont beaucoup plus complexes que celles de la précédente génération, expliquent Bouygues et EDF. Le génie civil a, notamment, été complexifié de façon considérable. L'EPR comporte deux enceintes en béton : la première doit résister au choc éventuel d'un avion et la seconde prévenir toute fuite en termes de radioactivité. La densité de ferraillage est ainsi sans commune mesure avec une centrale classique : elle atteint, à Flamanville, 220 kg par mètre cube (soit au total 40.000 tonnes d'acier), à comparer à 120 à 150 kg par mètre cube pour les centrales nucléaires classiques. En outre, le contrôle qualité sur les chantiers EPR a été très largement renforcé par rapport aux modèles précédents, affirment-ils.
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