« Il faudrait des incitations à réutiliser les matières »

Comment jugez-vous les résultats du troisième trimestre annoncés hier ?Notre performance opérationnelle est en ligne avec ce que nous avions annoncé, dans un contexte économique encore ralenti. Elle est le fruit d'éléments exogènes et endogènes. Dans ce que nous ne maîtrisons pas, il y a la pluviométrie. L'été a été plutôt favorable en Europe, mais très mauvais aux États-Unis, où nous avons enregistré un recul de 8 % de nos ventes d'eau sur le trimestre. Ce que nous maîtrisons, c'est notre plan Compass de réduction des coûts, sur lequel nous sommes en avance, et nos conquêtes commerciales. À ces éléments habituels s'ajoute cette année l'impact de la crise sur notre activité déchets. Dans ce domaine, nous constatons une stabilisation au troisième trimestre et nous espérons un léger rebond au quatrième, grâce à une petite remontée des prix des matières premières et à un effet de restockage dans l'industrie. La Chine et l'Australie redémarrent bien aussi. Enfin, avec Agbar nous allons créer notre deuxième pilier en Europe. C'est une opération stratégique majeure pour Suez Environnement que nous souhaitions réaliser depuis longtemps avec Gérard Mestrallet.Ce secteur des déchets, pourtant, devrait être en pleine croissance avec la montée du recyclage et les contraintes imposées aux industriels...C'est vrai que le renforcement des obligations va dans le sens du recyclage. Mais on n'a pas encore créé les conditions d'une bonne « éco-circulation ». L'industriel a le choix entre une matière première vierge et une matière issue du recyclage. Si les prix sont bas, il va choisir la première. Il faudrait créer des mécanismes incitatifs à la réutilisation. Il serait dommage, sinon, que les filières de recyclage, qui commencent à se développer, soient pénalisées. Dans le papier recyclé, par exemple, on est passé de 80 euros la tonne en septembre 2008 à zéro début 2009. Dans la ferraille, on a chuté de 450 euros la tonne voilà un an à 100 euros en janvier. Au premier semestre, la moitié de la baisse de notre chiffre d'affaires provenait de cette activité tri-recyclage, qui a subi alors une baisse organique de 34 % de son activité. Sur neuf mois, ce repli d'activité dans le tri-recyclage revient autour de 31 %.Parmi vos contrats du trimestre figure une usine géante de dessalement d'eau de mer à Melbourne. C'est un domaine sur lequel vous misez beaucoup ?Ce contrat représente un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros pour le groupe et un investissement de 2 milliards, pour une usine qui fournira 450.000m3 d'eau dessalée par jour. Pour l'alimenter en énergie, nous installerons 2 parcs éoliens d'une puissance totale de 400 mégawatts. C'est un très beau projet qui va nous positionner comme le leader du dessalement par osmose inverse dans le monde. Ce marché devrait connaître une croissance de plus de 10 % par an dans le monde et il est probable que de nombreux pays méditerranéens, la Chine ou la côte Ouest des États-Unis vont construire ce type d'équipements à moyen terme. Un mètre cube d'eau dessalée revient entre 0,50 et 0,70 euro. C'est compétitif, surtout quand on n'a pas d'autres ressources en eau. njean-louis chaussade, directeur général de Suez EnvironnementIl serait dommage que les filières de recyclage, qui commencent à se développer, soient pénalisées.
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