Inquiétude autour de la montée des chômeurs en fin de droits

SocialCertains en font la « priorité des priorités », d'autres un simple levier de négociation face au patronat. Seule certitude, à l'occasion du second volet des discussions sur « l'emploi en période de crise » et alors qu'une réunion se tient aujourd'hui au siège du Medef, tous les syndicats tenteront d'obtenir des avancées sur la question des chômeurs en fin de droits. Car s'il n'existe pas de statistiques précises sur le nombre de personnes ayant épuisé leurs droits aux allocations chômage, le phénomène est en train de prendre de l'ampleur. « On sait que, dans une période où le chômage augmente, les demandeurs d'emploi mettent plus de temps à retrouver un poste », souligne Marcel Grignard, le numéro deux de la CFDT.Plusieurs indicateurs récents alimentent l'inquiétude. Ainsi, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits depuis plus d'un an et moins de deux ans à Pôle emploi a augmenté de 29,9 % sur un an à la fin du mois de septembre. Or ces quelque 665.000 demandeurs d'emploi vont progressivement atteindre la fin de leurs droits, ceux-ci ne pouvant excéder 23 mois en vertu de l'ancienne convention Unedic qui est restée en vigueur jusqu'au 1er avril. Et une proportion non négligeable n'aura pas retrouvé un emploi d'ici là. Signe de la dégradation du marché du travail depuis le début de la crise, les « reprises d'emploi » déclarées ne représentaient en septembre que 21,3 % des motifs de sortie des listes de Pôle emploi.57 % du salaire à 450 euros Or la fin des droits à allocation chômage a souvent des conséquences financières importantes. D'une indemnité représentant 57 % de leur ancien salaire brut, les demandeurs d'emploi basculent vers l'allocation de solidarité spécifique (ASS d'un montant de 450 euros pour une personne seule) s'ils remplissent les conditions ou vers le revenu de solidarité active (RSA, 450 euros également). Une perte de revenu brutale que les syndicats souhaiteraient atténuer en imaginant des dispositifs qui s'appliqueraient au minimum pendant la crise. « Pour les chômeurs en fin de droits qui auraient besoin d'une formation avant de pouvoir assumer un emploi, une des pistes passerait par des cofinancements entre l'État, l'Unedic, les régions et les fonds de la formation professionnelle », souligne Gabrielle Simon, de la CFTC. « Nous pourrions créer une prime qui compléterait l'ASS pour éviter que les salariés ne passent directement de l'assurance chômage à l'ASS », complète Marcel Grignard.Par-delà ces bonnes intentions, reste à définir les modalités précises d'un tel dispositif. Et ses sources de financement. L'État, qui prend en charge l'ASS, a prévu, dans le budget 2010, 66 millions d'euros supplémentaires pour faire face à la hausse du nombre de bénéficiaires. Mais il traîne des pieds pour accroître le montant de l'allocation. Dès juillet, les partenaires sociaux lui avaient demandé de faire un geste. Sans succès pour l'instant.
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