Les familles du groupe Hermès renforcent leur contrôle

Les actionnaires d'Hermès se sont réunis à huis clos à Paris vendredi dernier. Ils étaient une cinquantaine. Une journée durant, les héritiers de Émile Hermès, fondateur de la marque de luxe, ont réfléchi au montage d'une parade à toute prise de contrôle. Avec en ligne de mire : LVMH. Le 23 octobre, le groupe présidé par Bernard Arnault a dévoilé être entré au capital de la marque de luxe. Via des produits dérivés, sans dévoiler aucun franchissement de seuils, il a racheté 17,1 % du capital de la société cotée depuis 1993. Depuis, réunies au sein de la commandite Emile Hermès, les représentants des branches Dumas, Guerrand et Puech et leurs conseillers, élaborent une défense pour protéger leurs 73,6 %. Dimanche soir, les membres de la famille Hermès ont annoncé la création d'un holding familial détenant plus de 50 % du capital. « L'opération n'aura aucun effet sur la part de la famille au sein du capital d'Hermès ni sur les pouvoirs de son associé commandité. Elle sera soumise à l'approbation définitive de l'Autorité des marchés financiers », selon un communiqué. Jusque là, la famille s'échinait à trouver le bon mode opératoire. Son objectif : assurer la liquidité des titres détenus par les actionnaires membres de la famille Hermès sans qu'ils tombent dans l'escarcelle de LVMH. « Car en face, la main est acheteuse », soulignait un conseiller de la famille. Un droit de préemption des dites actions, au profit des membres de la famille, est à l'étude. Cette nouvelle structure capitalistique ne serait pas du goût de tous. Car elle entraverait la liberté de vendre des titres Hermès et priverait ses détenteurs des bienfaits enrichissants de la Bourse. Or, il est de notoriété publique que le titre Hermès est une valeur sûre : depuis début 2010, il a gagné 65 %. Agacement des actionnaires Ce scénario n'est pas non plus du goût de Colette Neuville. La présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires estime que, le cas échéant, les familles agissant de concert ne pourraient se dispenser de lancer une OPA. Elle l'a fait savoir à l'Autorité des marchés financiers (voir « La Tribune » du 2 décembre). Son courrier n'a pas manqué d'agacer les actionnaires d'Hermès. Et de réjouir LVMH... Au lendemain de l'entrée du groupe de Bernard Arnault, Colette Neuville avait fustigé le manque de transparence de son raid, mené via des paradis fiscaux, par les banques Société Généralecute; Générale, Crédit Agricolegricole et Natixis. Cette fois, elle apporte de l'eau au moulin de LVMH.L'autre objectif de la réunion de vendredi relevait de la discipline. Patrick Thomas et les héritiers de la maison Hermès espéraient ressouder les rangs. Dès le 24 octobre, la gérance d'Hermès a souligné combien elle était unie. Or, depuis la cotation de 25 % du capital en 1993, l'affectio societatis s'est délité : au sein de la SARL Émile Hermès, les Guerrand ne représentent plus que 0,6 % du capital, loin derrière les Puech (34 %) et les Dumas (65,4 %).
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