L'effondrement du système financier : un risque réel

Reconstruire un système neuf sur les ruines de l'ancien... L'utopie d'Éric Cantona et de quelque dizaines de milliers de personnes - si l'on se fie au succès de la page Facebook depuis laquelle a été relayé son appel au « bank run » - peut faire sourire. D'autant qu'on est encore bien loin de l'effet de masse escompté et que, concrètement, vider ses comptes courants et ses livrets relève du parcours du combattant.Mais que se passerait-il si non pas 60.000 - dimanche, 35.950 personnes se disaient prêtes à participer à l'événement, 27.700 l'envisageaient - mais 3 millions de personnes retiraient effectivement leurs actifs des banques ? Les établissements financiers, comme la Banque de France, ne font aucun commentaire officiel sur le sujet. Et pour cause. Le financement de l'économie française étant très largement intermédié, la fermeture du robinet du crédit entraînerait immédiatement des difficultés insurmontables pour l'ensemble des entreprises, alors incapables de payer leurs fournisseurs et leurs salariés. Autrement dit, si le sang arrête d'irriguer les organes, ceux-ci cessent de fonctionner.L'État ? Surendetté et privé de ressources, il serait alors bien en peine de créer une nouvelle banque, éthique, supposée ne prêter « que les richesses qu'elle possède », de surcroît « à taux zéro ».Pour les banques, la liquidité est une donnée essentielle. Or, si elles sont moins dépendantes des dépôts des ménages que par le passé, ceux-ci restent essentiels. En témoigne, par exemple, l'âpreté du débat autour de la centralisation des fonds du livret A. Les experts estiment qu'environ 30 % de la liquidité des banques françaises dépend des dépôts des particuliers aujourd'hui. Et ces ressources, considérées comme très stables, conditionnent largement la confiance des autres apporteurs de liquidités. Récemment, que ce soit en Grèce ou en Irlande, la contraction des dépôts bancaires a contribué à accroître la défiance envers les systèmes financiers de ces pays. De plus, la crise a franchi une nouvelle étape. L'exemple irlandais montre que tout problème bancaire d'envergure risque fort de se transformer en crise de défiance envers l'État lui-même. Qui peut dire l'effet que produiraient des images de files d'attente sur les investisseurs internationaux, qui détiennent 70 % de la dette négociable française ?Dès lors, l'on voit difficilement comment les banques et les autorités pourraient être totalement sereines, face à l'éventualité, même lointaine, d'un « bank run ». Même si, en apparence, elles prennent le sujet à la légère, il serait étonnant qu'elles n'aient pas pris quelques précautions en vue du 7 décembre. Sophie Rolland
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