Rusal pourrait être tenté par la diversification

Numéro un mondial de l'aluminium avec 10 % de la production, Rusal affiche un optimisme sans bornes sur les perspectives du métal blanc. Très à l'aise au Ritz où il reçoit « La Tribune », le directeur des marchés de capitaux de Rusal, Oleg Mukhamedshin, raconte un groupe russe en pleine mutation. « Dans les dix ans qui viennent, la Chine devrait doubler sa consommation d'aluminium. Le pays est obligé de devenir un gros importateur d'aluminium », assure le dirigeant, dont le groupe ne réalise pour l'instant que 12 % de son chiffre d'affaires avec l'Asie. La Chine, qui a produit 37 millions de tonnes d'aluminium en 2009, n'a commencé à en importer que très récemment. En 2011, le groupe dirigé par Oleg Deripaska prévoit déjà de doubler ses exportations vers « l'empire du Milieu ». Et la tendance ne peut que s'accroître : la Chine s'est engagé à réduire ses émissions de CO2 par unité de PIB, et les Chinois produisent surtout de l'électricité à base de charbon, très émetteur de CO2. « Nous, nous produisons de l'aluminium avec de l'eau ! » argue Oleg Mukhamedshin, s'appuyant sur le fait que 80 % de l'énergie utilisée par le groupe est d'origine hydraulique.Pour financer son développement, Rusal envisage de lever des fonds l'année prochaine en émettant de la dette. Ses créances approchaient déjà des 15 milliards de dollars fin 2009. Mais grâce à l'argent levé lors de son introduction à Paris et Hong-Kong, à des réductions de coûts et des remboursements anticipés, elles ne représentaient plus que 11,7 milliards fin septembre 2010, un niveau en avance sur ses objectifs de réduction. Pour retrouver des marges de manoeuvre, le groupe discute actuellement de son refinancement avec ses créanciers, dont BNP Paribas, Société Généralecute; Générale, Crédit Agricolegricole. Mais avant de les solliciter, « notre premier objectif est d'être noté par les trois principales agences, ce que nous espérons au premier trimestre 2011 », assure Oleg Mukhamedshin.«Investissement stratégique»En revanche, le groupe n'envisage pas de céder sa participation de 25 % dans le groupe Norilsk Nickel, comme l'y enjoint l'autre actionnaire principal, Vladimir Potanine, qui détient également un quart du groupe sibérien via sa holding Interros. « Pour Rusal, cet investissement est stratégique. Bien sûr, il y a une impasse à court terme, mais nous ne sommes pas dans l'urgence. Norilsk est sous-valorisée, il n'y a aucune raison que nous vendions », souligne le dirigeant, à propos de l'offre de rachat récente officialisée par Interros. Oleg Mukhamedshin revient également sur l'insolite demande de Rusal, qui a demandé cette année que Norilsk verse un dividende équivalent à ... 115 % de son résultat net : « Norilsk n'a pas payé de dividende en 2009, bien qu'il ait été profitable en 2008. Or nous avons un accord avec Interros qui stipule qu'au moins 50 % des profits de Norilsk doivent être versés en dividende. »Interrogé sur sa stratégie à moyen terme et sur son éventuelle volonté de devenir un BHP Billiton à la Russe, Oleg Mukhamedshin souligne qu'une « entreprise diversifiée de métaux et des mines est une réponse appropriée à la volatilité des marchés de matières premières. Au conseil d'administration, nous discutons actuellement de cela dans le cadre de la stratégie à 5 ou 10 ans », assure le dirigeant. En plus de l'aluminium, des investissements supplémentaires dans des secteurs stratégiques comme des mines de bauxite (le minerai dont on extrait l'alumine) semblent prioritaires. La production d'électricité, autre composant essentiel de l'aluminium, constitue une autre piste envisageable. Mais pas seulement, comme le montre l'attachement de Rusal à Norilsk Nickel.
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