Les magistrats font bloc contre Nicolas Sarkozy

Parti jeudi dernier de Nantes, la fronde des magistrats prend une ampleur sans précédent. Le syndicat de la magistrature (SM) a appelé à deux jours de grève jeudi et vendredi. De son côté, l'Union syndicale de la magistrature (USM, majoritaire) a appelé vendredi à un report de toutes les audiences non urgentes en France jusqu'au jeudi 10 février, date de mobilisation nationale. Sur le terrain, plusieurs juridictions (Rennes, Quimpper, Besançon, Bayonne, Basse-Terre, Dijon, Pointe-à-Pitre, la Réunion) ont décidé de suspendre tout ou partie des audiences. Elles doivent être suivies ce lundi par Marseille, Nice, Nancy, Metz, Coutances ou encore Caen.« Manque de moyens »Les magistrats réagissent ainsi aux propos de Nicolas Sarkozy au sujet de l'affaire Laetitia. Estimant que des « dysfonctionnements graves » des services de police et de justice ont permis la remise en liberté sans suivi de Tony Meilhon, principal suspect du meurtre de Laetita Perrais à Pornic (Loire-Atlantique), le chef de l'État a appelé à des « sanctions ». Des déclarations très mal reçues par les professionnels de la justice, qui attribuent ces défaillances au manque de moyens auxquels ils sont confrontés. « Nous sommes choqués par ce procès qui nous est fait. L'État refuse de nous donner les moyens que nous lui réclamons depuis des années », a ainsi réagi vendredi sur France Info Clarisse Taron, la présidente du SM, l'USM évoquant pour sa part que le chef de l'État « stigmatise les magistrats ». Une révolte rejointe par une quinzaine d'organisations de magistrats, d'avocats, de policiers, d'agents pénitenciaires. Même les hauts magistrats (présidents de tribunaux de grande instance, procureurs, premiers présidents de cour d'appel) ont fait part de leurs « préoccupations ».Ce mouvement, qui rappelle celui de septembre 2010, trouve sa source dans les relations de plus en plus tendues qu'entretient avec la justice Nicolas Sarkozy depuis son passage au ministère de l'Intérieur. Depuis 2007, suppressions de postes, réformes de la carte judiciare et de la procédure pénale et critiques publiques auront eu raison de la patience du monde judiciaire. C. J., avec agence
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