La France et l'Allemagne proposent un « pacte de compétitivité »

La partie s'est renversée. Ceux-là mêmes qui accusaient Angela Merkel de manquer « d'esprit européen » lorsqu'il s'agissait de venir en aide aux pays en difficulté, freinent désormais des quatre fers quand Berlin tente d'imposer son modèle pour rendre l'Europe plus forte. « Nous devons accroître notre compétitivité », en alignant les politiques économiques « sur les Etats les plus performants », a proposé la chancelière vendredi à Bruxelles, aux côtés de Nicolas Sarkozy. Façon à peine voilée de dire que toutes les économies vont devoir s'aligner sur le modèle allemand si elles veulent pouvoir s'abriter sous le parapluie européen en cas de coup dur, notamment à travers le Fonds de secours européen (FESF) qui sera renforcé et dont Berlin est le premier contributeur. Le « pacte de compétitivité » proposé par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy à leurs partenaires européens afin de renforcer la discipline et la coordination des politiques économiques au sein de la zone euro a été perçu comme un véritable « diktat ». Parmi les mesures envisagées et qui ont filtré avant la réunion : l'abandon de l'indexation des salaires sur l'inflation, le recul de l'âge de la retraite ou encore l'harmonisation de l'impôt sur les sociétés. Tant que le concept restait vague, tout le monde était favorable à une gouvernance économique. Mais dès que l'on commence à rentrer dans les détails, cela coince, y compris auprès des pays les plus européistes. Levée de boucliersLa Belgique et le Luxembourg, où les salaires sont automatiquement augmentés en fonction de l'inflation, n'ont pas apprécié que l'on puisse remettre en cause leur système. « Chaque État membre a ses propres accents, ses propres traditions. Nous n'accepterons pas que notre modèle de concertation sociale soit détricoté », a souligné le premier ministre belge Yves Leterme. L'Espagne s'oppose également à la modification des politiques salariales, l'Irlande à un taux minimum d'impôt sur les sociétés et l'Autriche au relèvement de l'âge des retraites. Face à cette levée de boucliers, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont renoncé à mettre sur la table dès vendredi la liste des mesures douloureuses qu'ils souhaitent voir adopter. « Il n'est pas question d'identité absolue » entre les pays européens, a indiqué Nicolas Sarkozy pour tenter de rassurer. Paris et Berlin ont confié au président du Conseil européen Herman Van Rompuy une mission de consultation. Un sommet exceptionnel de la zone euro sera convoqué en mars pour en discuter, en vue d'arriver à un programme « global » de réponse à la crise de la dette lors du prochain sommet des Vingt-sept les 24 et 25 mars.
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