Comment dit-on révolution en arabe ?

Celle qui se joue actuellement au Caire n'est pas la première. Les Égyptiens ont, en 1919, tenté de se libérer de l'emprise britannique sur la région. Puis en 1952, emmenés par Gamal Abdel Nasser, les « officiers libres » déposent le roi Farouk, plus enclin à jouer au poker qu'à gouverner. Le même Nasser décide de faire un pied de nez aux empires de l'époque en nationalisant le canal de Suez, en 1956. C'est une nouvelle page de l'histoire qu'écrivent les manifestants, en voulant chasser le successeur de Nasser, Hosni Moubarak, en poste depuis trente ans.« Ce qui arrive à la place Al-Tahrir prend immédiatement une dimension nationale », pouvait-on récemment lire dans « Al-Ahram ». L'immense place, flanquée du musée national et du quartier général du parti au pouvoir (incendié par les manifestants) est le lieu de toutes les manifestations populaires, depuis les émeutes de la faim de 1977 jusqu'aux protestations contre l'offensive américaine en Irak, en 2003. C'est à la demande du khédive Ismail, sous le régime ottoman, qu'elle a été remodelée sur un modèle parisien. C'est Nasser qui l'a nommée ainsi après la révolution de 1952.Pour rompre avec le socialisme et le tout-État de Nasser, Sadate lance, après la guerre israelo-arabe, en 1973, une politique d'ouverture, afin de stimuler la production en attirant les investisseurs privés. L'expérience tourne court. Alors que l'État annonce qu'il ne subventionnera plus les denrées de base, le peuple se révolte en 1977, d'autant que l'Infitah est synonyme de corruption et d'enrichissement de certains. Sous Moubarak, l'élite n'a cessé de prospérer - et le fossé avec la majorité des pauvres de se creuser.Sur les quelque 80 millions d'Égyptiens, plus de la moitié ont moins de 25 ans. Si seulement 16 % des jeunes Égyptiens sont officiellement sans emploi, le chômage et le sous-emploi affectent la moitié des diplômés. Quant aux femmes, elles sont plus de 90 % à ne pas trouver un poste après deux ans d'études à l'université. Au-delà de la chape de plomb politique, l'absence de perspectives professionnelles et de mobilité sociale est source de frustration pour ces jeunes. 600.000 d'entre eux entrent sur le marché du travail chaque année.
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