L'Association pour l'emploi des cadres dans la tourmente

L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) est dans la tourmente. Créée en 1966, et gérée par les partenaires sociaux, l'association est depuis longtemps dans le collimateur de Bruxelles, qui lui impose de respecter les règles de la libre-concurrence. Elle a donc acté début février, lors d'un conseil d'administration, l'obligation de distinguer ses activités concurrentielles de sa mission de service public. Et le fait qu'elle devra à l'avenir, comme les cabinets privés, se soumettre à des appels d'offres pour le reclassement des cadres au chômage. Pour mener à bien cette activité, l'Apec, dirigée par Jacky Chatelain, ne pourra pas puiser dans les fonds collectés auprès des cadres français. La Commission européenne y veillera. Celle-ci considère en effet que la cotisation obligatoire à l'Apec dont s'acquittent tous les cadres qui cotisent à Agirc, au titre de leur retraite complémentaire, n'est ni plus ni moins qu'une subvention d'Etat. Elle estime qu'à ce titre, elle ne peut financer des prestations concurrentielles effectuées depuis plusieurs années par l'association. La question de l'avenir de cette cotisation de 0,06 % prélevée sur le salaire des cadres (dont 60 % à la charge de l'employeur) est donc posée. En 2008, celle-ci a rapporté plus de 92 millions d'euros à l'association, alors que le chiffre d'affaires de l'association est de 2,7 millions d'euros.la question de la cotisation« La cotisation représente 90 % du financement de l'Apec. Sera-t-elle maintenue ? Restituée ? Récupérée tout ou partie par l'Etat ? Et dans cette hypothèse à quelles fins ? Alimenter Pôle emploi ? En faire cadeau aux entreprises ? », s'interroge Marie-José Batille, déléguée de CFDT, dans le magazine « Inform express » de la CFDT, datée du mois d'avril.Au-delà de la question de la cotisation et à l'heure où des discussions entre partenaires sociaux sont engagées sur l'avenir du paritarisme, certains en interne s'interrogent sur le sort et le périmètre d'action qui sera réservé à cette association gérée par les partenaires sociaux. Quid également de l'avenir des demandeurs d'emploi cadres qui bénéficiaient jusqu'à présent de l'expertise de l'Apec. Quid enfin de l'avenir des quelque 800 salariés de cette association ?La réforme de l'Apec est donc en marche. Elle se traduit également par la cessation de son activité presse. La direction de l'Apec souhaite en effet vendre son magazine « Courrier cadres » (qui perd 3,5 millions d'euros par an) et sa déclinaison internet courrier.cadres.com au groupe de presse Gérard Touati (« Rebondir », « l'Officiel de la franchise », etc.). Alors que les 35 salariés ont voté en Assemblée générale fin mars leur refus d'être repris par ce groupe, le conseil d'administration de l'Apec doit se réunir le 27 avril prochain pour valider ou non le projet de cession de l'activité presse. n
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