Les grands électriciens allemands gagnants sur le nucléaire

Le gouvernement fédéral s'est mis à plat ventre devant les fournisseurs d'énergie ». C'est ainsi que le ministre président social-démocrate de Rhénanie-Palatinat, Kurt Beck, a résumé la décision d'Angela Merkel de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires allemandes. Les 17 réacteurs existants pourront fonctionner 8 ans de plus que prévu pour ceux construits avant 1980 et 14 ans pour les autres. Comme la fermeture précoce de certains réacteurs anciens permettra de prolonger des réacteurs plus récents, la sortie du nucléaire de l'Allemagne ne pourrait devenir réalité qu'en 2050, soit vingt-cinq ans plus tard que ce qu'avait prévu en 2000 le gouvernement Schröder. Pour les 4 groupes exploitant du nucléaire outre-Rhin (RWE, E.ON, EnBW et le suédois Vattenfall), c'est une bonne nouvelle. D'autant que les contreparties exigées sont bien plus modérées que prévu. La taxe sur le combustible nucléaire, qui coûtera au secteur 2,3 milliards d'euros par an, disparaîtra en 2016, en même temps que la modeste « contribution exceptionnelle » de 1,4 milliard au total qui abondera le nouveau fonds de développement de l'énergie verte. Une fois cet impôt et cette « contribution » disparus, les groupes énergétiques devront payer 9 euros par MWh issu du nucléaire pour alimenter ce fonds, qui pourrait ainsi récolter 15 milliards au total. Enfin, si la chancelière a assuré que ces groupes devront réaliser des « investissements substantiels » dans la sécurité, aucun montant n'est avancé. L'énergie verte pénaliséeChez E.ON, qui pourrait être le grand gagnant de cette décision grâce à la jeunesse de son parc nucléaire, on la « salue » tout en parlant de « charges économiques conséquentes ». Son rival RWE estime que « plus de 50 % des bénéfices supplémentaires issus de cette prolongation seront versés à l'État. Reste que les actions des deux groupes ont fait la course en tête du DAX, à Francfort, et que leurs concurrents sont furieux. Car nombre des petits acteurs locaux ont lourdement investi dans l'énergie propre. La concurrence, plus longue que prévu du nucléaire, risque de les pénaliser lourdement. Malgré l'existence d'un fonds de soutien, c'est tout le secteur de l'énergie verte qui craint pour son avenir, alors que, par exemple, les subventions au solaire vont baisser. Bref, nombreux sont ceux qui ne croient guère à la « révolution énergétique » proclamée ce lundi par Angela Merkel.
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