Retraites : risque accru de radicalisation du conflit

Le conflit autour de la réforme des retraites est entré, ce mercredi, dans une zone dangereuse. Jusque-là sous contrôle étroit de l'Elysée et des leaders syndicaux, la situation sociale est désormais pleine d'incertitudes. Mercredi, les quatre principales fédérations de cheminots (CGT, Unsa, Sud Rail, CFDT-Fgaac) ont annoncé qu'elles déposaient un préavis de grève reconductible à partir du 12 octobre. A l'occasion de la prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle, les cheminots ont donc décidé d'emboîter le pas de leurs homologues de la RATP, du transport maritime ou de l'énergie en ouvrant la porte à des arrêts de travail qui se prolongeraient le 13 et les jours suivants. Pour l'instant, il s'agit, aux yeux des fédérations de cheminots, de couvrir juridiquement les agents qui souhaiteront poursuivre le mouvement au-delà du 12 octobre, la loi de 2007 dite du « service minimum » interdisant des grèves de plusieurs jours sauf en cas de préavis illimité. Mais la concurrence entre syndicats dans la perspective des élections professionnelles à la SNCF début 2011 pourrait conduire à des surenchères et à une radicalisation. Pour tenter d'éviter ce scenario qui pourrait faire perdre à l'intersyndicale le soutien de l'opinion publique, Bernard Thibault a, une nouvelle fois, exclu mercredi de lancer un appel national à des grèves reconductibles. « Nous déciderons des modalités du mouvement avec les salariés eux-mêmes », a répété le leader de la CGT sur France Info. de l'huile sur le feuMais le choix du gouvernement de ne faire aucune concession sur les deux points clés de la réforme ? le report de l'âge légal de départ de 60 à 62 ans et de l'âge du taux plein de 65 à 67 ans ? ne facilite pas la tâche de Bernard Thibault. D'autant que plusieurs dirigeants de la majorité ont pris, ces derniers jours, le risque de mettre de l'huile sur le feu. « Une grève reconductible, surtout dans certains secteurs qui n'ont pas été les plus fragilisés par la crise, on n'en a pas besoin ! » a déclaré Xavier Bertrand, le secrétaire général de l'UMP, mercredi sur LCP. La veille, Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, avait mis en garde contre « le désastre que pourraient constituer des grèves reconductibles ou à caractère illimité ». Dans ce contexte, l'attitude de l'exécutif à l'approche ou juste après la journée du 12 sera déterminante. Si les cortèges sont fournis et que le gouvernement choisit une nouvelle fois le « sur place », Bernard Thibault aura alors bien du mal à maîtriser ses troupes les plus impatientes.
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