Le Sommet entre la Chine et l'Europe tourne à l'aigre

Signe d'irritation ? Mercredi, la conférence de presse prévue à l'issue du sommet UE-Chine a été annulée. La surface jusque- là très lisse des sommets entre Pékin et Bruxelles s'est troublée. Cette semaine, les langues se sont déliées, les Européens ayant décidé d'évoquer publiquement les sujets qui fâchent. Il y a d'abord eu le choc du « yuan totalement sous-évalué », laché par le porte-parole de Monsieur Euro, Jean-Claude Juncker. « Il faut des voies à double sens qui ménagent les intérêts et des bénéfices mutuels », a souligné le président du Conseil européen Herman van Rompuy. Et d'ajouter : « La réciprocité n'est pas un gros mot ». Mercredi, ce fut au tour de José Manuel Barroso de surenchérir. Vague de récriminationsLe président de la Commission a pris des libertés avec le texte que lui avaient préparé ses conseillers. « L'Europe est ouverte », alors que, côté chinois, « l'ouverture pourrait être renforcée », a-t-il dit, citant une étude très critique de la Chambre de commerce européenne à Pékin. Il existe « une grande marge d'amélioration », a-t-il ajouté. Il a également indirectement critiqué la violation des droits de propriété industrielle et intellectuelle, tout en invitant les Chinois à participer aux programmes de recherche européens. « Il ne faut pas que l'innovation dans un pays se fasse au détriment de celle des autres », a pointé le président de la Commission. L'application de la législation chinoise laisse notoirement à désirer. « Nous voulons des progrès sur le terrain », a-t-il demandé.Cette vague inattendue de récriminations a fait réagir le Premier ministre chinois. « Si le yuan n'est pas stable, cela provoquera un désastre pour la Chine et le monde », a-t-il rétorqué. « Si nous augmentions le yuan de 20 ou 40 %, comme certains le demandent, beaucoup de nos entreprises fermeraient et la société connaîtrait un bouleversement. Si l'économie chinoise va mal, ce n'est pas bon pour l'économie mondiale », a-t-il argumenté.Spécialiste de la Chine, François Godement invitait mardi la « souris » européenne à « rugir ». Ce sommet montre qu'elle y est prête. Mais de là à disposer d'une réelle stratégie pour « faire levier » sur la Chine afin de défendre les intérêts européens, comme l'a dit la Haute représentante Catherine Ashton, il y a plus qu'un pas. Florence Autret, à Bruxelles
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.