À Berlin, le SPD vire à gauche toute

llemagneAprès leur déroute électorale, les sociaux-démocrates allemands brisent les tabous. À peine désigné par le directoire du SPD, le nouveau président du parti, Sigmar Gabriel, a déclaré à la télévision qu'il n'avait « rien contre une réflexion sur une alliance fédérale avec le parti de gauche Die Linke pour les prochaines élections générales de 2013 », rejetant toutefois tout « automatisme ». Ces propos ont été appuyés par plusieurs autres ténors du parti, dont la nouvelle secrétaire générale, Andrea Nahles, qui souhaite « établir des relations normales avec Die Linke » et le député européen Martin Schulz.changement de tonC'est un changement de ton majeur qui pourrait bien être le prélude à un vrai tournant. Car jusqu'à présent, toute alliance fédérale avec Die Linke était catégoriquement rejetée par le SPD, en raison de la présence en son sein des ex-communistes de RDA, mais aussi et surtout du « traître démagogue » Oskar Lafontaine, ancien ministre des Finances de Gerhard Schröder. Dans les Länder, à l'exception de Berlin, le SPD préfère souvent, comme récemment en Thuringe, s'allier avec la CDU d'Angela Merkel plutôt que de se marier avec les « rouges ».Mais un tel ostracisme n'est plus tenable dans le nouveau contexte fédéral. Rejetés dans l'opposition, les sociaux-démocrates doivent se présenter comme une alternative à la nouvelle coalition entre libéraux et conservateurs. La progression de Die Linke, qui a obtenu 11,9 % des voix le 27 septembre, jour des législatives, soit 3 points de plus qu'en 2005, empêche désormais la formation d'une majorité fédérale entre sociaux-démocrates et Verts, comme au temps de Gerhard Schröder. Du coup, sans le parti de gauche, le SPD ne peut gouverner qu'avec la CDU ou le FDP. Une position malaisée qui a déjà été la faiblesse de la campagne sociale-démocrate cette année. On comprend donc la volonté de Sigmar Gabriel de ne plus exclure Die Linke du jeu des alliances.Reste que le parti d'Oskar Lafontaine est en position de force : il n'a pas grand-chose à perdre à la poursuite de sa « diabolisation » par un SPD moribond. Du coup, il fait monter les enchères et réclame un rejet par les sociaux-démocrates de l'Agenda 2010, le programme réformateur de Gerhard Schröder. Mais beaucoup de militants SPD redoutent un virage à gauche du parti. Dès lundi soir dernier, Sigmar Gabriel a pu mesurer combien sa marge de man?uvre allait être étroite. Il n'a ainsi obtenu que trois quarts des voix lors du vote de désignation du directoire, loin des 90 % habituels, tandis que les représentants de la gauche du parti dans la nouvelle direction, Andrea Nahles et Klaus Wowereit, le maire de Berlin, glanaient moins des deux tiers des suffrages. Une nette invitation à la prudence pour le nouveau chef du SPD. n
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