Une Europe boursière à deux vitesses

« Disparate ». Ce qualificatif revient souvent dans la bouche des spécialistes lorsqu'il s'agit d'évoquer les performances des marchés européens depuis le début de l'année. Sur la période, les bourses du Vieux Continent affichent en effet des évolutions pour le moins contrastées. A titre d'exemple, l'indice CAC 40 recule de plus de 4 % par rapport à ses niveaux de début janvier, contre une baisse limitée à 1 % pour le Footsie 100 londonien et une progression de 5 % pour l'indice Dax de la Bourse de Francfort ! Autre contraste plus saisissant encore : la Bourse d'Athènes plonge de presque 30 % tandis que la Bourse de Copenhague bondit de 24 %. Bien sûr, la crise des dettes souveraines est passée par là et a laissé des traces sur les indices boursiers de l'Espagne (-10 % depuis le début de l'année), du Portugal (-9 %) ou encore de l'Italie (-11 %). « 2010 a été l'année de l'explosion des disparités des taux de refinancement des pays. Or, on note traditionnellement des mouvements de sortie sur les actions lorsque les taux grimpent», explique Romain Boscher, directeur des gestions chez Groupama AM. A cela s'ajoute une réalité sectorielle. L'industrie bancaire constitue, par exemple, pour 35% de l'indice Ibex à Madrid, tandis qu'elle ne représente que 6% dans la pondération totale du Dax. Or, après une année 2009 faste, les valeurs du secteur ont été victimes de prises de bénéfices face à la remontée du risque souverain et aux incertitudes réglementaires liées à Bâle III. pondération industrielle« Les investisseurs privilégient aujourd'hui les valeurs de croissance tirées par les pays émergents, tels que Schneider, Vallourec, Technip ou encore LVMH pour le CAC 40, au détriment de profils plus domestiques comme EDF, Alstom ou certaines valeurs bancaires », note Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM. Ce thème d'investissement explique en partie la bonne performance de l'indice allemand Dax à forte pondération industrielle et qui offre une porte d'entrée intéressante vers les pays émergents. « Attention toutefois à ne pas oublier que la méthode de calcul du Dax, qui réintègre les dividendes dans les performances, est plus avantageuse. De même, sur les marchés nordiques, hors zone euro, l'effet devise joue positivement », nuance Romain Boscher. Reste qu'à « degré d'exposition comparable sur les marchés émergents, les valeurs des indices du sud accusent du retard par rapport à celles des indices nordiques » remarque Gilles Guibout, gérant actions européennes chez Axa IM. Et d'ajouter : « Les investisseurs fuient dès que les actions sont étiquetées Espagne, Italie ou Grèce malgré des niveaux de valorisation parfois très intéressants ». Blandine Hénault
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