Le dollar décolle du seuil de 1,50 pour 1 euro

Après le brutal décrochage qui l'avait entraîné au-delà de 1,50 pour 1 euro dans la dernière décade d'octobre, le dollar n'a plus refranchi ce seuil depuis dix séances. Au point qu'un stratège affirmait récemment que « vendre du dollar consistait de plus en plus à se soumettre à la loi des rendements décroissants ». Le gourou de l'université de New York, Nouriel Roubini, qui s'était illustré en prévoyant la crise financière, annonce même que le dollar va nettement rebondir dès que se dénoueront les stratégies de portage ? ce qu'il juge inévitable ? qui permettent actuellement d'emprunter des dollars à des taux voisins de zéro pour en investir le produit sur des placements plus rémunérateurs, à commencer par les matières premières. Et lorsque le dollar décollera, ce ne sera pas pour gagner 2 % à 3 %, mais bien plutôt 15 % à 20 %. Ce qui compenserait largement les 10 % perdus depuis un an par son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Il ne faudra guère plus de six mois à un an pour que ces positions de « carry trade » deviennent trop risquées, pronostique-t-il.Pour que la prédiction de Roubini se réalise, il faudrait cependant un autre préalable. Que le billet vert recommence à se comporter selon une logique de marché plus rationnelle. Car depuis que le goût du risque est de retour, on assiste à une aberration : de mauvais chiffres américains redonnent au dollar son rôle de valeur refuge et des statistiques favorables l'envoient au tapis. Alors que la logique voudrait qu'une économie forte génère une monnaie forte et inversement. Vendredi en a donné une nouvelle illustration. En dépit de 190.000 destructions d'emplois aux États-Unis en octobre, davantage que prévu, et d'une montée du taux de chômage de 9,8 % à 10,2 %, au plus haut depuis vingt-six ans, le dollar s'est immédiatement raffermi, pour se rapprocher de 1,48 pour 1 euro, se maintenant donc à bonne distance du seuil d'alerte de 1,50. En tout cas, la montée du chômage ne va pas faciliter la réalisation de la prophétie de Roubini, car elle interdit à la Réserve fédérale de mettre prématurément un terme à sa politique de taux zéro et éloigne encore la probabilité qu'elle réponde concrètement à la question de savoir quand et comment en finir avec l'assouplissement monétaire quantitatif. Le dollar est donc condamné à rester encore un bon moment la monnaie de carry trade préférée des spéculateurs aventureux, même s'ils deviennent moins agressifs au fil des jours. n
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