La Slovaquie enterre sa « flat tax »

Neuf ans après son introduction, la « flat tax » slovaque va disparaître. Conformément à ses promesses électorales, le premier ministre social-démocrate, Robert Fico, a annoncé mercredi que son pays renonçait au taux unique d’imposition à 19 % pour les personnes physiques et morales mis en place en 2003. Désormais, un taux de 25 % sera prélevé sur les revenus supérieurs à 3.000 euros par an et les entreprises devront s’acquitter d’un impôt sur les sociétés de 23 %.Une croissance rapideCette mort de la « flat tax » slovaque tourne une page de l’histoire économique du pays. Après son divorce avec la république tchèque en 1992, le pays a connu une période de stagnation économique jusqu’en 1998 sous la direction du président nationaliste, Vladimir Meciar. L’arrivée au pouvoir de Mikulas Dzurinda va conduire à une forte libéralisation de l’économie qui, en 2003, culmine avec l’instauration de la flat tax. Ce « big bang libéral » conduit la Slovaquie à devenir une destination de rêve pour les investissements étrangers et, progressivement, l’atelier de l’Europe occidentale. Rapidement, le pays rattrape son retard et devient même le premier pays de l’ex-pacte de Varsovie à entrer dans la zone euro en 2009.Un symbole qui tombeLa « flat tax » était devenue, notamment par les protestations dont elle avait été la cible lors de sa mise en place, le symbole de cette stratégie. Mais elle était devenue intenable. Pour tenir le budget sans toucher à cette « flat tax », les gouvernements conservateurs ont dû serrer les vis des dépenses publiques. Mais cette politique n’a mené qu’à une dégradation continue des finances publiques et à un creusement accru des inégalités régionales et sociales.Dans son rapport sur l’économie slovaque paru ce jeudi, l’OCDE s’inquiète ainsi à la fois de la « viabilité budgétaire » du pays à long terme et sur les inégalités au sein de la société. Tout en reconnaissance que l’économie slovaque demeurera « une des plus solides » des pays membres de l’organisation.Victime des délocalisations ?Certes, le niveau de dette reste faible : 43,3 % du PIB, mais le déficit budgétaire a frôlé les 5 % l’an passé. « Nous n’avions pas le choix », s’est donc presque excusé le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir. Le nouveau gouvernement, entré en fonction en mars, avait promis la suppression de la « flat tax », mais cette dernière restait néanmoins très populaire dans les milieux économiques qui, hier, ont fait part de leurs inquiétudes. Il faudra donc désormais mesurer l’impact réel de cette augmentation de la charge fiscale. Car malgré les succès, le chômage reste élevée en Slovaquie (13,3 %) et les salaires ont beaucoup progressé. Le coût de la main d’œuvre a progressé depuis 2008 de 13,1 % contre 9 % pour la zone euro et 8,8 % pour l’UE. En 2010, selon Eurostat, le salaire moyen annuel était supérieur à celui de la Hongrie voisine. Grande bénéficiaire des délocalisations, la Slovaquie va-t-elle en être à son tour la victime ? 
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