solutions

Le marché du CO2 se propageInventé dans les années 1960 par l'Américain Thomas Crocker, le recours au marché pour limiter les émissions polluantes est considéré comme l'outil le plus performant par les économistes, car en principe le moins coûteux. Les entreprises se voient imposer un plafond (en anglais « cap ») matérialisé par des quotas qu'elles peuvent ensuite échanger (« trade »). Ainsi, si un aciériste estime que le coût de modernisation de son haut-fourneau est trop élevé, il peut se contenter d'acheter des quotas sur le marché, par exemple à un raffineur qui aura déjà modernisé son installation. L'aciériste finance donc a posteriori l'investissement du raffineur, et le niveau d'émission de CO2 global se réduit progressivement. Grâce à « la main divine » du marché, les investissements les moins coûteux sont réalisés en premier, ce qui est aussi plus acceptable politiquement.Appliquée au dioxyde de soufre aux États-Unis dans les années 1990, la théorie a été couronnée de succès. Les centrales à charbon concernées ont réduit progressivement leurs émissions, pour un coût modeste. Ce système a été repris en Europe à une échelle beaucoup plus importante puisque l'EUTS (European Union Trading Scheme) concerne 11.000 installations industrielles depuis 2005. Le marché européen de quotas du CO2 est la principale mesure adoptée par les Vingt-Sept pour respecter leurs engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre du protocole de Kyoto. La moitié du CO2 émis par l'industrie européenne est régulé par ce schéma, et les trois quarts le seront en 2013.Des effets concretsSur les 30 milliards de tonnes de dioxyde de carbone émis chaque année, un peu plus de 2 milliards sont aujourd'hui régulés dans le cadre d'un marché du CO2. Le marché européen est de très loin le premier par la taille. Il aurait permis la réduction d'environ 100 millions de tonnes entre 2005 et 2006, soit 4 % du total des quotas alloués. « L'important, c'était de conduire tous les acteurs concernés à mettre le doigt dans l'engrenage », assure Jean-Pierre Sicard, directeur de la mission climat à la Caisse des dépôts. Le marché européen a aussi créé une demande pour les crédits générés dans le Sud, qui peuvent s'échanger contre des quotas?; sans ce débouché, le mécanisme n'aurait sans doute jamais fonctionné. Mais concrètement, la contrainte carbone en Europe depuis 2005 a surtout incité les industriels à recourir à des combustibles moins émetteurs de CO2, par exemple au gaz naturel ou à la biomasse plutôt qu'au charbon, que ce soit pour fabriquer de l'électricité ou du papier. Rares sont les industriels qui ont structurellement modifié leur outil de production pour émettre moins de CO2 sur le long terme.En dehors de l'Europe, le Chicago Climate Exchange ainsi que Reggie, qui s'adresse aux entreprises pour l'un, et à une dizaine d'États de la côte Est des États-Unis pour l'autre, représentent les initiatives les plus importantes, même si elles restent symboliques avec un prix de la tonne de CO2 peu dissuasif, à près de 2 dollars. L'Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande ont également des projets de marché du carbone, tout comme la Chine où un marché volontaire du carbone se développe.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.