Les lourdes conséquences de la chute de l'industrie auto française d'un point de vue macro-économique

L\'annonce d\'une chute de presque 14% du marché automobile français (voitures particulières seules) en 2012 a été la mauvaise nouvelle de ce début d\'année. On le sait, les Français achètent moins de voitures neuves, et quand ils passent encore à l\'acte d\'achat, c\'est pour se porter de plus en plus sur des étrangères. Certes, PSA et Renault occupent encore 55% du marché hexagonal - les marques allemandes s\'octroient toutefois plus de 70% du marché d\'outre-Rhin. Mais de nombreuses voitures de marque tricolore sont fabriquées à l\'étranger, tandis que les usines françaises exportent elles aussi, logiquement... Les ventes ne permettent pas toutefois de mesurer l\'activité réelle des constructeurs, à savoir la production d\'autos en France. Chute de 15,8% en septembre, puis 4,7% en octobreCelle-ci est mesurée par ailleurs. La production automobile s\'effondre bel et bien dans l\'Hexagone, selon les statistiques officielles. Elle a chuté de 15,8% en septembre dernier par rapport à août, selon l\'Insee (les chiffres sont corrigés des variations saisonnières et des jours ouvrables). En octobre, on assistait encore à une baisse de 4,7%. Les usines françaises de Renault et PSA ont réduit leurs volumes de fabrication de 13,2% (voitures et utilitaires légers) sur les neuf premiers mois de 2012 (par rapport à la même période de 2011), selon le CCFA (Comité des constructeurs français d\'automobiles).Un plongeon dû essentiellement à Renault (-18,2%). Le groupe au losange a diminué sa production en France de 23,6% au troisième trimestre à moins de 100.000 unités, après -20% au deuxième trimestre et -12,6% au premier. Carrément. La part de la France dans la production totale de Renault a même atteint au troisième trimestre un point bas historique : elle ne représente plus que 17,5% de ses volumes globaux! Avec un tel niveau de variation, c\'est toute l\'industrie française qui s\'en trouve impactée. Notons que la production de voitures en Allemagne n\'a, elle, diminué que de 4% en 2012, soit un effritement 3,5 fois plus limité qu\'en France. L\'Allemagne fabrique d\'ailleurs trois fois plus de véhicules légers que la France.Un effondrement en 2008Si, depuis la crise de la fin 2008, l\'activité industrielle globale en France n\'a jamais retrouvé son niveau de production de 2005 - base de calcul de l\'indice Insee -, c\'est pour bonne part à cause de l\'auto ! On peut parler d\'effondrement. Sur la base d\'un indice 100 en 2005, la production de la branche automobile s\'établissait à 93,5 fin 2007, avant la crise. Aujourd\'hui - le dernier mois publié est celui d\'octobre -, l\'indice s\'établit à 58,2 seulement. Seule, au sein de toute l\'industrie française, la branche textile affiche un indice aussi faible. La production de 2012 à peine supérieure à celle de 1965La chute, en volume, de la construction auto atteint donc 38% depuis le point haut de la fin 2007. Celle de Renault et PSA a même été divisée en France par deux... par rapport à 2005! La production en 2012 aura été à peine supérieure à celle de...1965 ! Quarante-sept ans pour en arriver là ! Pas étonnant que les usines voient leurs effectifs et leurs capacités fondre. L\'usine Renault de Flins en région parisienne (Clio et bientôt Zoé électrique) emploie aujourd\'hui à peine 3.000 salariés, avec un potentiel annuel de 125.000 unités, contre 22.000 pour 400.000 voitures à la fin des années 70 ! Si l\'on prend le site d\'Aulnay (Citroën C3), dont PSA a annoncé la prochaine fermeture, constatons que celui-ci a assemblé à peine 135.700 véhicules (en 2011), contre plus de 400.000 par an de 2002 à 2004. Les effectifs se montaient pour leur part à plus de 5.700 personnes au début des années 90. Soit près du double d\'aujourd\'hui.Production automobile en France depuis septembre 2005 Source: indice mensuel Insee (indice 100 pour 2005)Les équipementiers autos aussiLes équipementiers automobiles, qui fournissent les constructeurs, ne sont pas en reste. Et, régulièrement, nombre de sites français ont fermé leurs portes ces dernières années, souvent dans le silence général, parfois avec une forte médiatisation quand des grèves dures se déclenchaient. Les usines hexagonales de composants pour véhicules dans leur ensemble ont vu leur chiffre d\'affaires plonger... de 11% sur les six premiers mois de 2011, selon la fédération professionnelle Fiev, qui pronostiquait en octobre dernier un nouveau recul du même ordre au second semestre. Avec, en corollaire, des conséquences fâcheuses sur l\'emploi. Les effectifs ont encore dû baisser de 4% au moins sur l\'année 2012.Un véritable impact macro-économiqueCe désastre pourrait ne concerner que ce secteur. Après tout, d\'autres ont subi un même déclin. Mais il est à ce point brutal et violent qu\'il affecte l\'ensemble de l\'économie. Alors même que la branche auto ne représente que 8,3% de la production de l\'ensemble de l\'industrie, selon les pondérations de l\'Insee, sa chute explique à elle seule, tant elle est violente, près d\'un quart du recul de la production industrielle française totale depuis la fin 2007. Et encore : ce calcul ne tient pas compte des effets induits de l\'effondrement de la production automobile sur les autres branches, en amont (sidérugie, transport) et en aval (financement, assurances...). Dans un rapport récemment publié, l\'OCDE estime qu\'il existe un effet induit qui atteint presque trois pour l\'industrie automobile dans les pays du G7. Autrement dit, pour un dollar supplémentaire de valeur ajoutée dans la branche auto, on peut compter trois dollars de PIB en plus dans les pays du G7. Un impact valable aussi dans le sens inverse,  à la baisse.  Un effet bien supérieur à la moyenne de l\'industrie, relèvent les experts de l\'OCDE. Si l\'on s\'en tient à une analyse strictement nationale, l\'effet multplicateur est moindre. Mais il peut tout de même approcher deux. Ainsi, si l\'on prend en compte les effets induits sur l\'ensemble de l\'économie  la chute de la production auto pourrait expliquer non pas un quart mais la moitié de la baisse de la production indutrielle. Soit un point de PIB en moins!
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