L'Allemagne appelle à la vertu

La crise du risque souverain en Europe du Sud est aussi un défi pour l'Allemagne. En tant que première économie du continent et référence absolue de qualité pour les marchés, elle doit préserver la confiance dans l'euro. Devant le Bundestag, le 21 janvier, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a rappelé que son pays avait « une responsabilité particulière dans la zone euro ». Une responsabilité qui l'oblige plus qu'aucun autre, à une discipline budgétaire stricte. « Si nous ne respectons plus le pacte de stabilité et de croissance, plus personne ne le respectera », résume le secrétaire d'État aux Finances, Jörg Asmussen. Berlin continue donc de proclamer, malgré un déficit public attendu entre 5,5 % et 6 % du PIB cette année, un retour dans les clous du traité pour 2013.L'Allemagne tient le même discours de la vertu vis-à-vis de la Grèce, appelée à surmonter seule la crise. Wolfgang Schäuble a exprimé ses réserves sur une aide à un pays qui « a vécu pendant plusieurs années au-dessus de ses moyens ». discours de fermetéDennis Snower, président de l'institut IfW de Kiel, résume la pensée du moment outre-Rhin : « La Grèce doit se réformer et surmonter seule ses difficultés. Les marchés verraient dans une aide à ce pays un encouragement à l'indiscipline budgétaire pour toute la zone, c'est le vrai danger aujourd'hui ». Mais cet appel à la vertu a ses limites. Jürgen Matthes, économiste à l'institut IW de Cologne, estime que « politiquement, il n'est pas acceptable de laisser la Grèce faire faillite ». « L'ancien ministre des Finances Peer Steinbrück l'avait déjà clairement indiqué, sans cependant définir une politique de sauvetage concrète », rappelle-t-il. Du coup, la fermeté allemande tient d'abord dans un discours. Qui fait renaître de vieux réflexes de méfiance vis-à-vis des « pays du Club Med ». Vendredi, la CSU, le parti bavarois conservateur, annonçait ainsi son soutien au président de la Bundesbank, Axel Weber, à la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) l'an prochain avec des mots sans équivoque quand l'on sait que son concurrent est l'Italien Mario Draghi : « Notre président de la Bundesbank est la bonne personne pour diriger la BCE. Axel Weber serait le symbole visible que la stabilité de notre monnaie est une priorité absolue. » Mais, comme le souligne Jürgen Matthes, « beaucoup ici redoutaient un président français et il a fait un travail remarquable. La direction de la BCE est désormais crédible et je ne pense pas que la crise grecque ait, au final, un effet sur le nouveau président ».Romaric Godin, à Francfort
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